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6.29.2014

L'OMBRE ET LA LUMIERE .....






Si nous avions le talent universel de la lumière et de l'ombre, nous aurions celui de l'absolue vanité des choses. Nous saurions que des étoiles tombent des poussières impalpables qui se traînent dans les vents stellaires, forment des nuages dont le plus infime dépasse mille milliards de fois l'empire d'Alexandre... Nous saurions que tout s'échappe de nulle part et que les paradis sont des folies passagères, comme les nuées qui vont des mers aux montagnes, arrosent les limaces et donnent de l'oxygène aux poissons... Nous parlerions la langue des tortues qui se grimpent sur le dos depuis deux cent millions d'années. Nous saurions qu'on n'explique pas le monde, qu'on l'épouse à la rigueur, bien heureux de trouver chaussure à son pied... Nous plaindrions les fondamentalistes des Nombres et de la Raison qui nous emmerdent depuis Socrate, nous éloignent des arbres et des bêtes, voient la nuit et rêvent le jour, nous maquillent en civilisés dans les banquets et les foires... Nous détesterions les prophètes hallucinogènes , renifleurs de paroles divines et autres ficelles à gêner la station debout, couper les cheveux en quatre et les femmes en rondelles... Nous observerions le zèle des cervelles à produire des déchets, des poisons, des excréments d'hydrocarbures et dix mille molécules servant à désodoriser les parties intimes, tuer les insectes, embellir les porcs et conserver les confitures.... Tous déchets qui vont à la rivière et à la mer, ainsi qu'hormones, et chimiothérapies pissées et chiées dans les porcelaines ... finissent dans les mollusques, les algues, les crustacés et les poissons puis se réinstallent dans les assiettes pour un deuxième circuit dans les artères et les lobes du foie, s'attardent dans les cartilages et les graisses au rythme de 5 ou 7 milligrammes quotidiens de colorants, métaux lourds, organochlorés etc... Pour la première fois dans son histoire le cerveau humain à l'image de Dieu tartine son pain aux 2000 additifs de sa merde chimique et technologique, se la mélange aux frites et viandes hachées, salades, oeufs, fromages et mayonnaises de sa gourmandise. Jamais serpent ne s'est mordu la queue avec tant de savoir faire, n'a roté avec autant d'ardeur au concert de ses amours et de ses digestions... Des milliards de singes nus, pesant le double du nécessaire, ayant excrété du pôle nord au pôle sud , vidé tant de poubelles, de citernes, de cuves, de containers, de valises, de wagons, de cales, de soutes et de gros intestins se lancent dans la grande aventure de l'auto-production et consommation de la mort via le boire, le manger, le souffle et l'empire du slip... Acharnés à croître, nuire, se précipiter sur leur planète pour talonner des têtes et des enfants, écrabouiller des gêneurs , se ronger mutuellement les chairs, triompher à jamais du courage et du savoir...

A VOIR ....




VRAI ET FAUX ......




On voudrait savoir pourquoi les têtes sont bonnes ou mauvaises.
Les savants et les philosophes travaillent la question depuis qu'il y a des têtes aux quatre coins du monde. Ils attrapent des migraines à force de percer les mystères de la nature mais leurs efforts ne semblent pas toujours récompensés. Il faut dire que la nature n'est mystérieuse que pour ceux qui l'observent. Les autres veulent que les mers soient des réserves de poissons crus, les montagnes des réserves de neige, les fleuves des bases de loisirs, les arbres des réserves de calories et les sols des réserves de propriétaires.
Comme la vérité ne paie pas, quelques menteurs de génie ont essayé le mensonge. Ils s'aperçurent que les illusions sont nécessaires, que les hommes enragent de les perdre. Ils dirent qu'ils avaient des visions, que les diables grouillaient dans le noir, que certaines créatures brillaient parfois d'une lumière divine. Ils ont caché des esprits dans les arbres, des nymphes dans les sources et des dieux sur les sommets. Ils ont raconté que les ombres des nuages et les étoiles du ciel gouvernaient le monde et que les hommes devaient être sages pour échapper aux catastrophes.
Quelques déluges, quelques explosions de volcans, quelques famines ont aidé les menteurs, mais les hommes, plus intelligents que les singes et plus petits que les éléphants avaient besoin d'empires et de pouvoirs. Ils s'arrangèrent pour tenir les filles en laisse et battre leurs femmes, puis comme il fallait d'autres astuces pour ne pas s'ennuyer ils se firent des guerres et se vengèrent, devinrent plus forts et plus sauvages que des loups... Mais un menteur exaspéré, plus menteur que tout ce qu'on peut imaginer, se déguise en agneau, raconte qu'il n'en a pas pour longtemps, dit qu'il descend du ciel, embrasse des misérables, crache sur l'or, commande à tous d'aimer les autres comme soi-même, se fait clouer sur une croix de bois, s'arrange pour disparaître de sa tombe et retrouver ses amis avant de s'envoler... On fête encore sa naissance, ses successeurs se déguisent toujours en agneaux et on se bat encore à Jérusalem pour savoir qui doit y faire le ménage.
Tous les menteurs n'ont pas l'envergure de ce Jésus de Nazareth, ni le vrai dégoût de l'espèce humaine (" Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font..."). Mohamed l'arabe qui ne comprenait rien à l'amour du prochain, comprit que les hommes deviendraient des agneaux si Dieu était un lion. Car dans ce cas, il vaut mieux rester tranquille, respecter la loi et raser les murs. La barbe du prophète n'a pas fini de faire de l'ombre... Et Mohamed sut prouver l'épée à la main qu'Allah est toujours en train de créer le monde et d'occire les récalcitrants... Pour calmer les esprits. il réapprit aux humbles à triompher des femmes, interdit l'ivresse et les cochonnailles. C'est peut-être ici que réside la clé de son succès...
Les têtes gardent leurs secrets, avec ou sans Tables de la Loi. Les savants et les philosophes ont toujours des migraines. Les hommes ne sont ni meilleurs ni pires que les hommes. Il y a pourtant des fous et des enfants qui se lancent avec le sourire dans les recoins de la Terre, ils aiment les jardins de mots, les couleurs inattendues, les oiseaux de passage. Ils font de l'ombre et de la lumière en jouant avec le soleil. Ils ne voient pas le temps passer. Ils n'ont même plus le temps d'être bons ou méchants...


POUR VOIR SI ....









Un bandeau a été coupé en trois trapèzes.
A gauche une tête à l'envers et endormie. Au centre un trapèze plus dense, plus coloré et contrasté. Deux fragments de personnages s'y entassent avec des boules vertes sur fond gris. A droite , toujours sur fond gris, une espèce de monument en rouge à colonnes et marches d'escalier qui ressemble à un temple. Les couleurs sont parfois vives: les bouches, les chevelures, les vêtements, le temple, les yeux. Ailleurs sont amortis les ciels en gris plus ou moins pâles, les parties ombrées des visages, et les végétations en verts plus ou moins retenus. L'ensemble ne raconte rien, puisque ces fragments ne renvoient qu'à un vrac de scènes perdues dans un passé indéfini. Certes il y a le parti-pris d'une sorte " d'Antiquité " rêvée, à peine plus localisée que l'île des morts, un peu toscane, plus "renaissante" que sortie de l'archéologie. Ces fragments remontés ensemble par une main peu soucieuse de vraisemblance, d'envers et d'endroit, sont une manière de puzzle où les portions de couleur sont calées dans des formes précises et arbitraires à la fois. Des végétations réduites à des boules irrégulières, des chevelures en juxtaposition de croissants, un temple ou mausolée sans ornements, le vêtement en quelques morceaux à plat... les visages simplifiés en lignes, les yeux formant ellipse, les passages du clair au sombre réduits à des clôtures...
Cet agencement de réticulations découpées dans des plaques fait une sorte de mosaïque où l'activité de la peinture est dénuée de gestes, de modulations, de frémissements de matières, de tout le maniérisme habile qui fait la réputation des artistes de chevalet, cuisiniers de pâtes et agités du bocal. On ne verra pas ici d'explosions, de déchirures, de graffitis, de coulures, griffures, salissures et fientes à la gloire d'un ego en souffrance ou d'une société en panne... Pas de "collages" finauds pour en dire long sur les mules du pape, les vulves marchandes, les tortures d'innocents, les souffrances de pauvres et les flagorneries de riches... Pas d'enthousiasme communicatif. Pas de ricanement sur les gloires défuntes. On ne pisse ni ne virgule sur les peintures anciennes...
S'il est vrai que seuls les morts sont civilisés, il est aussi vrai que les vivants se fatiguent et meurent de trop de spirales autour du soleil. Tourner sur une boule n'est pas une vie. Il faut des mensonges et de la curiosité pour voir plus loin que le bout de son nez. Quel premier chaman s'est empiffré de psilotes pour voir les mammouths en rose, battre des ailes au-dessus des montagnes et copuler enthousiaste avec sa callipyge ? Les prophètes, grands orateurs hallucinés de l'avenir et dresseurs de peuples ont taillé des routes pavées de promesses, montré les chemins du ciel et désigné les portes des enfers... Il y en eut un qui se fit becqueter l'oreille par un pigeon déguisé en archange Gabriel... Ces camelots ont eu le mérite ou la méchanceté de faire travailler l'imagination des malades, de lancer les frustrés dans de saintes perversions, de plier les femmes à l'ingratitude des hommes et de rassurer chacun sur les troubles de sa vision. L'humanité prolifère et plus ils sont nombreux moins les hommes portent le poids du monde sur leurs épaules. Déchargés de trop de science et d'efforts, ils se racontent les uns aux autres et dressent les monuments de leur splendeur. Leurs ancêtres faisaient de la place aux bêtes, aux murmures d'une infinité de fées, de nymphes et de génies ... Ceux d'aujourd'hui tirent du pétrole et de leurs entre-jambes ce qui suffit à leurs étonnements et à leurs surprises. Il y a tant de couleurs, de bruits, de vitesse, de dangers et de plaisirs dans les cités, de vie souterraine et de courses poursuites que sous le soleil et la lune suffisent les bétons, les désirs et les chairs pour emplir l'existence et peupler le langage... L'Homme devient l'horizon de lui-même et la société sa neige éternelle ... Il ne peut plus désespérer de grand chose. Il suffit à son bonheur et son bonheur est clos. Encore une ou deux générations pour que les corps prennent le pli des substances porte-bonheur, que la mémoire soit déplacée dans les nuages, que les machines insinuent des ordres et dévoilent les lendemains ...
Il restera dans les cendres de nos feux de joie, des morceaux d'images, des découpes de mythes que les rescapés du Bonheur et du Réel s'amuseront à recoller, pour voir si .....