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5.27.2013

LES MOUCHES SAVANTES .....

 









Les mouches ne se font pas de souci parce que plus les hommes sont nombreux, plus il y a de mouches... On ne sait pas exactement ce qui les attire. " Je voudrais être mouche pour savoir ce qu'ils se racontent..." Cette expression reprise par des gens sérieux  montre que la mouche prêterait volontiers des ailes et des cuisses à des apprentis détectives. Dans le grand monde de la communication les progrès de la science feront sûrement qu'il y aura  des drones en forme de drosophiles,  qui se poseront au bord des tables de restaurant ou sur les mollets des baigneuses. Ces drones seraient plus efficaces que leurs modèles, car ceux qui enculent les mouches risqueraient d'en abuser... Alors qu'avec les drones, quelques instructions logicielles les feraient décoller  avant l'irréparable  et se poser un peu plus loin, sans perte de mémoire.
Qui veut connaître l'extrême fond de l'être humain pourra se procurer les flots de paroles qui s'échangent sous les parasols et devant les apéritifs. On saura ce que disent ceux qui vendent des frigos aux esquimos ou des belles-filles à des belles-mères en suçant des pattes de tourteaux.  Les affaires des hommes d'affaires gagneront de la transparence et on saura pourquoi les gens de l'humanitaire consomment des huîtres et du muscadet. Les drones passeront sous les tables et pourront épier qui fait des pieds et des mains, analyser des phéromones, repartir au-dessus des plats pour capter quelques postillons au fil des  échanges. La totalité du processus communicationnel sera dominée. 

 Lorsque les données fournies seront à l'échelle des 100% d'évènements, que les staffs d'informaticiens traiteront en temps réel la complétude de la communication mondiale, il ne sera plus possible de se moquer du monde car les symboles auront disparu. Toutes les poupées auront un sexe. Les instants succèderont aux instants. Le temps aura en permanence de la valeur, on sera dans l'achat et la vente, sans âme, sans Dieu, sans connaître ni ses besoins ni son image réels, sans rien voir au second degré, sirotant la vie comme on tire sur la paille d'un coktail choisi sur une carte, n'ayant plus de personne à construire ou à défendre. Cette  transparence du Monde, son abondance concrète ou virtuelle, cette "démocratie" poussée à bout,  nous épargneront les drames et les tragédies d'autrefois, nous feront les joueurs inlassables d'un jeu interminable... Mais avant de sombrer dans cet alzheimer, s'il nous reste un peu de goût pour la conscience et le mal, nous devons fuir comme la peste les Moïse du Bonheur, réinventer la survie, la solitude, la douleur, le temps démesuré, l'absence de miroirs et d'affiches, nous garder du pour ou du contre quoi que ce soit, fuir  " l'Art " et les " Objets " copains comme cochons. Car nous crèverions comme des mouches sur la "Terre Promise" de la Publicité, dans les vitrines de la Consommation, déboussolés par les joueurs de flûte comme le furent les enfants et les rats.

DANS LES NUAGES ...



J'ai souvent la tête dans les nuages. Ils me consolent de ne pas voler. Ils sont indifférents, passent au-dessus des toits en se déliant, suivent les vents mauvais ou précèdent le soleil... Leur monde est moins lourd que chez nous, varie à l'infini entre de bons signes et des colères. C'est de leur côté que mes ancêtres roulaient les yeux au moment des choses sérieuses, armés sur un champ de bataille ou craignant la grêle. Les ciels gris  conviennent aux  chrysanthèmes,  feuilles mortes et ornières.  Ciels de funérailles menées jadis par des curés en prières  avec cheval et corbillard. Cortèges d'héritiers, chapeaux baissés face au vent, mains serrées, coeurs tenaillés de vaches , de labours et d'herbages... Cortèges de poètes, de peintres, d'amies en larmes et d'étudiants, chevaux blancs ou pommelés n'ayant jamais connu la vitesse, voitures grises et noires des pompes funèbres qui vous mènent droit à la cave pour oublier...
Les ciels de la vie ont des nuages, ils prolongent les frondaisons, suivent les courbes des collines, reprennent en choeur comme dans un Cézanne  les directions de branches et les toitures, font des volutes avec les désirs et les angoisses d'en bas. Il pleut dans mon coeur comme il pleut sur la ville. Tels sont les vers des amateurs d'espace et spécialistes de l'âme. Il y en a pour tous les goûts. Nuages des Andes où tournoyèrent comme les condors des avions de toile cherchant un col. Nuages de l'Ouest, à cent mètres d'altitude, sentant la mer, arrosant les jardins et les terres que les vents d'est dessèchent en trois jours . Nuages du Sud  portant l'orage en Forez. Dans ma campagne, comme dans ma vie, il fait beau p
lusieurs fois par jour.




PLOMBERIES BIOLOGIQUES .....


S'ils lèvent les yeux, s'ils recouvrent la vue quelques secondes avant de retourner au feu, d'avoir le foie rongé par des becs, les reclus et les torturés verront ce qu'ils ont détruit pour une place au soleil. Il y avait des eaux, de l'air et d'incessantes distributions de chairs. Au début n'étaient que les bêtes et les fleurs, à l'aise avec les chromosomes. Personne n'était gentil, nul n'était méchant. Il n'y avait pas de juges. Il n'y avait ni couronnes ni royaumes. Les vies allaient à leur terme au gré des circonstances et chacun multipliait ses cellules sans souci du lendemain, car il n'y avait jamais de lendemain, seulement d'autres jours. Au commencement, on se coupait en deux et chaque moitié remuait jusqu'à sa division et ainsi de suite...Le plus étonnant fut qu'un jour ces morceaux restèrent agglutinés au lieu de tenter de grandes aventures et que par des hasards tortueux on se construisit des organes , on se donna des appendices, des poils, des tubes, des entrées , des sorties... D'autres prirent des tiges après s'être échoués sur des plages, puis montèrent en graines que le vent et les eaux repiquaient plus loin. Ceux qui avaient des queues et des pattes, qui remuaient davantage dans l'oxygène, devinrent amphibies puis il y en eut qui grimpèrent aux arbres et jetèrent un oeil sur les fleurs. De fil en aiguille les minuscules et les géants se répartirent les nuits et les jours, ceux qui manquaient de place sur les branches se laissèrent pousser des ailes... Pour simplifier les hommes se sont raconté de pieux mensonges, disant que toute cette affaire n'avait pris que sept jours, qu'un vieillard à barbe blanche en était l'unique responsable. Ils lui donnèrent des noms à coucher dehors, du genre Iaweh, Allah, Dieu le Père etc....







Leurs pauvres cervelles sujettes à l'angoisse ne supportaient que des explications simplettes où on jouait au papa et à la maman... Ils se gardaient bien d'interroger les animaux et les plantes... Ils serraient les fesses en traversant les forêts et les marécages, avaient horreur des moustiques et ne pensaient qu'à deux choses : le cul de leurs femelles et leur creux à l'estomac. Comment voulez-vous que de pareils égoïstes soient utiles à qui que ce soit? Ils avaient failli disparaître mille fois sous des inondations et des éruptions de volcans, le tonnerre les faisait sursauter, les arcs-en ciel les rendaient fous , ils n'avaient pas de poils aux pattes et se faisaient piquer par les vipères quand ils marchaient dessus. C'étaient des proies faciles qui devaient s'accroupir au bord des points d'eau, qui ne couraient pas vite et se disputaient du matin au soir. Ils avaient des problèmes pour se reproduire. Les femelles avaient besoin de petits malins ou de gros bras pour se sentir en sécurité. Leurs ondulations et leurs grâces à l'âge nubile attiraient les mâles. Ceux-ci se battaient en permanence. Les vieux faisaient battre les jeunes entre eux pendant qu'ils se tapaient des filles ou des garçons tout juste pubères, les jeunes ruminaient des assassinats de barbes grises entre deux visions de gros seins, les femelles se jalousaient comme des teignes, les progénitures des uns et des autres se mordaient ou se poussaient dans les orties. Ces dérivés de primates cumulaient tous les défauts des autres espèces et pendant longtemps nulle chouette n'aurait parié sur leur compte. 




Personne ne sait ce qui s'est passé. A force de casser des cailloux, de peler les poux, de s'étriper et de copuler sans cesse, ils devinrent habiles et méfiants. Ils accumulaient des images à profusion sous leur crâne et leurs cris ressemblaient à des paroles... Quelques naissances produisaient des individus moins vulnérables, plus intelligents et plus attentifs à leurs souvenirs. En quelques générations le nombre des imbéciles chuta aux trois quarts puis fut stabilisé. Les malins se gardèrent de les exterminer car ils avaient compris qu'ils avaient besoin d'eux pour les tâches pénibles. Ils avaient aussi remarqué que les femelles apprenaient trop vite ou trop bien et ils s'arrangèrent pour que restent suffisamment d'idiotes. Ils leur contèrent des fariboles en organisant des concours de beauté, en engrossant les naïves chaque fois qu'ils pouvaient, puis ils les autorisèrent à parler de conneries autant de fois qu'elles voulaient. On calma les vieillards en décrétant qu'ils étaient sages et on ne les écouta plus. On battit les enfants qui ne voulaient pas de leur soupe et on raconta des histoires d'ogres et de loups pour qu'ils se tiennent tranquilles. Des groupes de plus en plus nombreux réussirent à vivre ensemble et pour se donner de l'allure, ils se donnèrent des dieux. Des spécialistes s'occupaient des offrandes, inventaient des généalogies et des prières, faisaient pendre les sceptiques... Quand tout allait bien, on remerciait les dieux et on leur portait des viandes et du miel. Les malins s'aperçurent assez tôt que les spécialistes se remplissaient les poches et profitaient de ces viandes et de ce miel pour s'offrir du supplément de femelles et fabriquer profusion de futurs spécialistes qui apprenaient à lire, écrire et compter. Un jour il fallut se rendre à l'évidence , les dieux étaient roublards. Les hommes forts qui portaient des casques et des cuirasses, passèrent alors des épées dans quelques ventres de scribes et de prêtres et construisirent à côté des temples des palais pour cacher de l'or, des grains, des esclaves ou des harems. Ils laissaient les villes pousser autour d'eux, ils élevaient des remparts sous prétexte de les protéger. Il y eut autour de Babylone des lions et des éléphants. Les rois et les prêtres creusèrent des canaux pour maîtriser les fleuves. Sur des tablettes d'argile furent notées les entrées et les sorties de bétail, de céréales, de vin et d'huile ... Les quantités de serviteurs et de contribuables. 

 
Mais le monde s'épuise quand il est immobile. C'est un mystère. Pour comprendre ce qu'il est, les prières sont inutiles... Il faut se faire tout petit et passer partout, se condamner à l'exacte mesure des choses, aller aux mathématiques, fuir la magie. Il faut connaître et mesurer les effets de la gravitation universelle pour prendre du poids dans sa tête... aller vers l'ouest pour trouver un continent, faire pousser des haricots pour tomber sur les lois de l'hérédité... Ce que nous tenons des grecs ne fut pas mis en conserves... Devant les cadavres , certains n'ont pas tourné la tête, les ont posés sur une table de dissection, les ont ouverts , démembrés et fouillés, les ont mués en "anatomies"... Des lentilles nous avons fait des télescopes, des gouttes d'eau des microscopes... Nous avons compris que les foules étaient vides et que des hommes seuls pouvaient déranger la mort... A quoi bon faire tourner les peuples autour d'une pierre noire tombée du ciel? Pourquoi rassembler des pèlerins autour des tombeaux, dresser des croix à tous les carrefours ? ... Consulter les oracles ?... Faire des billets de banque où l'on écrit sa confiance en Dieu ? ... Quel extra-terrestre aurait ordonné de battre les femmes, de piller les mers et dorer les coupoles ? De proclamer la déchéance des animaux et la gloire des cow-boys? ...
Il fallait aux enflures de ce monde des flatteries à distribuer aux minables. Les pauvres ont le menton qui tremble et la larme à l'oeil quand ils apprennent qu'ils sont enfants de Dieu, peuple élu ou autres bricoles... Que sur les nuages et dans des jardins extrêmes des séraphins androgynes, des vierges peu farouches et des boissons délectables les attendent pour l'éternité... Qu'ils seront récompensés d'avoir supporté pétasses et maquereaux, d'avoir engendré des perroquets... Mais de toutes les flatteries, la plus dégueulasse, celle qui remplit le mieux les oreilles, consiste à montrer les bêtes du doigt et à dire que tout crétin qui se respecte est bourré d'une âme immortelle, que chaque fois qu'il parle, il se propulse à des années-lumière de ce monde animal et prouve qu'il n'est pas un tuyau à faire de la merde.
Chambrés par de beaux parleurs et des penseurs maladifs, des millions de tuyaux furent persuadés qu'à une de leurs extrémités, celle de l'alimentation et de la cervelle, ils pouvaient acquérir de l'instruction et donner des ordres pour que tout fonctionne à merveille, que le Bonheur remplisse les coffres des banques et des chaumières, que les méchants demandent pardon des offenses, que des égaux se partagent la Terre, que les meilleurs soient récompensés qu'ils soient admirés par les vilains... Tant de bonnes volontés méritèrent le vingtième siècle : saccage des hommes, des ressources, des coeurs, des cultures et de tous êtres vivants... Triomphe des primates supérieurs, bientôt dix milliards de tuyaux au service d'eux-mêmes, allumeurs de mèches et poseurs de pétards pour que crève la vie terrestre, que plus jamais rien ne freine leur désir: un monde parfait et cuit.

5.25.2013

VIVRE AU GRAND AIR .....



 
      A  une vieille amie vous avez emprunté une voiture d'un certain âge pour prendre
      l'air au bord de la mer. 
     Vous pensez à ce loulou de Poméranie qu'un certain
      Bressolles de Gaillac déposait tous les ans sur les plages de Sète, immobile
      et aveugle, ayant passé vingt et un hivers, ce qui est une prouesse olympique
      pour un toutou à pépère. Il restait là toute la journée et pendant une semaine
      on le portait et on le posait matin et soir. Vers le dixième jour plus
      personne ne faisait attention à cette portion de peau de bête. Et soudain on le voyait flageôlant, 
      s'orienter comme une girouette le nez vers les vagues et fort inquiet de respirer.
      Puis à peine plus rapide qu'un caméléon, très concentré sur son affaire, il approchait du ressac, se fixait
      là cinq minutes puis , toujours comme une girouette, il faisait aller sa truffe
      du côté des dunes et plaçait deux ou trois fois la patte gauche devant la
      droite, jusqu'à ce que son pépère vienne le prendre dans ses bras et le
      couche au travers d'un coussin en face une soucoupe de lait et de mie de pain.
      Le lendemain il faisait dix mètres et huit jours après il se portait tout
      seul jusqu'à l'écume de mer y trempait une courte langue et revenait sous
      la tente pour goûter un peu de terrine et mordre de  petits morceaux de jambon.
      Il rendit ses maîtres philosophes, car l'usage qu'il faisait des embruns
      et du soleil fut une leçon de sagesse: les corbillards, tout cendrés et
      confortables qu'ils soient, n'emmènent pas voir la mer et mieux vaut
      se porter sur de vieilles jambes que sur des poignées de bronze. De toutes
      les bonnes fortunes , la meilleure consiste à mettre le nez au
      vent du large.


      Les cadavres ne sont pas fréquentables. Il faut les vider de leurs
      entrailles, les tremper dans le natron, les décerveler par les
      narines et les lacer de kilomètres de bandes de lin pour que
      l'air soit respirable. Au Fayoum on posait sur le visage leur
      portrait d'avant la mort et on les rangeait debout, au mur des salles
      à manger, pour qu'ils assistent aux banquets et aux danses. On le sait
      parce que des archéologues subtils se sont aperçus que ces momies
      avaient des moisissures aux pieds, signe du frottement des serpillères aux
      heures de ménage. Vous posez vous aussi vos pères et mères sur les
      cheminées, encadrés d'or ou de nacre, réincarnés en deux dimensions et
      parfois en couleur. Mais les momies ne trompent personne. Au bout
     de trois ou quatre générations, elles encombrent et on les fourre dans
     des caveaux ou des tiroirs. Pas question de
     les planter dans les squares ou de les accrocher aux murailles. Sur les
     cheminées trop de poussière fait passer le chiffon... 
     Il y a  de temps en temps des statues de pierre pour succéder aux hommes. " Parles, mais
     parles donc !..." Michel-Ange en colère jetait  ses outils sur le marbre.
     Pygmalion eut de la chance mais personne n'a dit que sa créature fut
     ravie de prendre chair et de périr comme telle, au lieu de braver les
     intempéries pendant dix générations.

 
     L'Art nous déguise mais notre génie ne nous prolonge pas plus que nos tisanes.Sur les
     chemins que nous avons pris nos empreintes font des zigzags. Nous
     posons des pierres en passant les cols. La brume nous enveloppe et nous n'avons 
     qu'une chance de ne pas mourir idiots : entre les fêtes marcher en silence face au vent.

LE CIEL N'APPARTIENT A PERSONNE ....

Le ciel n'est pas aussi bavard que les textes sacrés. Je me demande
pourquoi on lui fait dire tant de choses. Mes ancêtres craignaient
qu'il tombe sur leurs têtes. Régulièrement de petits prophètes et
quelques grands illuminés décrivent la fin du monde où des morceaux
d'étoiles et de comètes nous massacrent.
La mécanique céleste ne fait pas de bruit mais les prêtres disent qu'elle punit les ivrognes et les
fornicateurs, que nous ne faisons rien de bon depuis le Paradis Terrestre.
Un déluge n'a pas suffi pour noyer nos ordures et la génétique
ne nous a rien appris sur les bons et les méchants. Les anciens disaient
que dans les étoiles étaient les âmes des morts, qu'il y avait de
bonnes et de mauvaises étoiles, qu'il suffisait de les surveiller de
près pour en savoir long sur le lendemain. L'Argent, l'Amour et la
Santé dépendraient des étoiles et des positions de planètes. Cette
théorie parut fumeuse bien avant l'imprimerie, mais par précaution, de
grands démocrates comme François Mitterrand ou de vulgaires dictateurs
comme Staline et Hitler, se renseignèrent sur les
constellations et tâtèrent de la devineresse.




A Wall Street un certain Madoff tira les cartes aux
génies de la finance. Ce génie inspiré levait les yeux au
ciel,  faisait la charité aux quatre coins du globe et plus
encore en Terre Sainte. Mais il suffit d'un grain de sable
dans l'oeil pour que les étoiles ne soient plus tout à fait où elles
devraient être et que la confusion prenne le dessus . Est-il vrai que
les nuages nous cachent des anges et des séraphins qui chantent? Il ne
manque pas d'enfants pour dire que des nuages ressemblent à des anges; j'ai aussi connu des bergères qui ont juré voir le loup dans un cumulo-nimbus. Il en est une qui entendit des voix en gardant ses
moutons , mais les Anglais la brûlèrent à Rouen et Gilles de Rais qui
l'aimait bien ne dit à personne que Saint-Michel fut son confident.
Lamartine,  à l'ombre d'un vieux chêne,
s'asseyait tristement au coucher du Soleil. Il ne vit dans la plaine que le
fantôme de sa bien-aimée... Georges Adamski  publia deux ou
trois best-sellers où il racontait que des Vénusiens posaient le pied
sur le sable du désert et acceptaient d'échanger quelques mots avant de
reprendre la route dans une soucoupe en forme de casque de pompier. Ce
grigou littéraire et génial raconteur d'histoires fit une petite fortune dans les années cinquante,
comme d'autres qui écrivaient sur les mystères des pyramides, les apparitions de
Satan, ou photographiaient le visage du Christ dans un verre de
vinaigrette....Heureuse époque, pas si éloignée des apparitions
de nymphes et des voyages d'Ulysse...
Les vieilles lunes ne reviendront pas. Le ciel n'est pas encombré d'âmes et de divinités.
Des bouts de ferrailles s'y croisent sur 800 km d'épaisseur, des
espions bien de chez nous braquent leurs télescopes sur nos habitudes.
Ils mesurent tout ce qui est mesurable, disent comment nous faisons
notre lit et mesurent notre puanteur. Certains nous braquent des
pistolets sur les tempes, d'autres nous arrosent de musique, d'autres
noient l'atmosphère de paroles incolores et sorcières... On ne sait plus qui fait
quoi dans les paraboles. Le ciel est à tout le monde, comme le droit de propriété... Les anges
du Paradis et de l'Enfer s'y croisent le jour et la nuit. Dieu n'y
reconnaît pas les siens. Allah, Iaweh, la Sainte Trinité jacassent en
même temps... Quelques riches américains s'y promènent en cendres... Je
l'avais connu silencieux et avare entre deux orages, juste habité d'images, propriété de
personne et miroir des âmes.. Dérangé par des étoiles filantes et quelques avions à hélices,
couché en août à la belle étoile, j'attendais des heures qu'il fasse un signe. Je lui parlais à voix basse. Un jour il fit du feu dans les yeux d'une chrétienne de la Place Saint-Jean .....