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12.11.2012

TROP COURT VOYAGE .....





Aux Dardanelles, loggia de l'hôtel....




En Anatolie, les chiens sont calmes, les ruines innombrables et l'antiquité affleure écroulée sur elle-même au fil des tremblements de terre, des invasions et des croyances....Mon voyage était fort court, mes nuits se passaient dans des cinq étoiles où des "groupes" de touristes menés par des guides fatigués se rassasiaient de platées abondantes et de détaxes faciles... Ailleurs l'agitation de la croissance autorisée par la gouvernance mondiale, un décollage couleur béton, des paysans en sursis, des voitures , des hommes au regard clair, des femmes sous la garde d'Allah, des enfants nombreux, des marchés foisonnants... En somme l'Europe de l'Ouest en 1960-65 oubliée chez nous ...Une sorte de santé transitoire entre l'immuable et le jetable ... Barré par la langue, débarqué trop vite, je n'ai pu me lier aux gens, me suis attardé sur des détails, fort songeur sur les vainqueurs de Byzance et méditant sur l'incroyable longévité des empires défunts, si semblables aux oliviers immortels, razziés, gelés, brûlés et repartant des racines....

"PRESENCE DE LA MORT" .....

Depuis qu'ils savent casser des cailloux, les hommes cassent tout ce qu'ils peuvent: des branches pour faire des bâtons, du sucre sur le dos des autres, des molécules pour faire tourner les moteurs, des gènes pour donner aux salades le courage de flinguer des limaces... Quelques singes nous imitent et cassent des noix, ce qui prouve qu'ils sont intelligents et créés à l'image de Dieu. Si nous ne cassions pas nos pipes de temps à autre nous ne saurions de quel bois nous chauffer pour maîtriser le monde. Notre arme absolue c'est la Raison. Sans elle nous ne pourrions couper les cheveux en quatre, débattre sur le sexe des anges, exterminer les hannetons et faire des vaches à lait avec de l'eau potable... Jamais nous n'avons eu autant de philosophes que depuis les guerres mondiales, les holocaustes et les batailles planétaires. Nos économistes veillent sur l'embonpoint des nations, les sociologues portent la chandelle du bonheur, les moralistes collent des feuilles de vigne sur les bonnets rouges de la Liberté... Les tempêtes pédagogiques remuent de l'ignorance dans les verres d'eau. 
De fil en aiguille tout ce qui est réel devient rationnel... Nous sommes à l'abri des barbaries, sauvageries et cruautés grâce à notre prodigieuse compréhension de l'Homme et des choses. Notre avenir sera prévisible comme la Météo, ce n'est qu'une question d'ingénieurs et de machines. Il est probable que rien ne peut plus nous échapper, que nos dieux seront à notre image et que nous fabriquerons des raisons de croire comme nos ancêtres taillaient les pierres en faisant quelques étincelles... Nos chats peuvent dormir tranquilles et remuer des pattes en rêvant, ce n'est pas avant quelques centaines d'années qu'il fera chaud en janvier, que le Panthéon cachera des murènes ou que les bigorneaux prendront de l'altitude... Le cerveau n'aime pas les coups de chaleur, mais en 1922, Charles-Ferdinand Ramuz décrivit en beauté la métamorphose de la Planète Bleue en marmite du Diable...

 
Pattes de chat  pendant sa sieste


Dans "Présence de la Mort", un titre peu suspect de marketing, il pousse le bouchon de la canicule aux dernières extrémités, à mesure que dans les plaines explosent le thermomètre et l'amour du genre humain. La marée de toutes les déchéances grimpe avec les températures sur les pentes des montagnes et passe les sommets. La cuisson finale vaut largement celle des langoustes puis le monde débarrassé de ses maîtres, poursuit sa ronde, cloqué-grillé... Le réchauffement de la Terre n'est plus à craindre, il commence. L'extrême du comique serait qu'elle brûle à pierre-fendre, parce qu'un singe cassait des cailloux pour aller plus vite et plus loin sur la voie de la Raison.

12.09.2012

LES BOUTEILLES PEINTES / PAINTED BOTTLES




En ligne sur mon site, symphonie inachevée....


Voilà, vous êtes sur une planète qui chauffe, vous nagez dans vos déchets, vos semblables sont si nombreux que vous doutez de la Providence. Vous aviez une passion pour les animaux sauvages mais c'est fini, vous êtes en deuil des forêts, des montagnes et des mers... Vos informateurs vous racontent que les bêtes s'effacent devant les singes savants , disparaissent sans un mot de la scène du monde et que de l'Amazonie aux chambres d'enfants, des têtes de tarés remuent le menton sur des écrans. Des voix d'institutrices montées sur silicones chantent les mérites de la douceur, des hommes graves distribuent force papiers hygiéniques aux oublieux des Droits de l'Homme, les balances de la Justice n'arrêtent plus de monter et de descendre, la peine de vivre chasse la peine de mort.
Quelles sornettes devez vous apprendre par coeur pour rendre le monde habitable ? La ville la plus dégueulasse de la Terre est moins peuplée de fous que Jérusalem des trois religions, des croisades, des lamentations et des barbes?... Quels fumistes vous persuadent qu'il n'y que les lois pour générer l'amour? Quels voleurs vous disent que la Terre est à celui qui la possède, que les bêtes sont des échantillons gratuits de la Création, que vous méritez plus de ciel que d'enfer et plus de cul que de pitié ?... Les obsédés de lois sont obsédés de batailles. Laissez tomber les coupeurs de cheveux en quatre, les proxénètes du Bien, les gardiens des femmes, les merdes du trottoir et les rues bondées... Soyez sages, ne voyez que d'un oeil, c'est assez pour voir l'Homme qui n'est estimable que de loin et devient irrespirable quand il s'approche, étale ses varices, chicots et mauvaises haleines dans ses prières... Faites semblant de l'aimer pour lui-même, c'est le mensonge auquel il ne résiste pas, vous aurez la paix pour admirer le Soleil, les occupations des plantes et des oiseaux, vous serez tranquille pour pleurer sur l'irrésistible beauté du hasard et vous aurez tous les diamants dans les mains quand vous boirez à la fontaine... N'achetez rien aux riches et ne vendez rien aux pauvres, faites vos bagages, votre dernier voyage sera interminable, et ne gardez avec vous que la rosée du matin et la fraîcheur du soir...



11.29.2012

PASSER A BERLIN ....

 
La reine de Berlin fut reine d'Egypte, sans doute de petite taille, fine dans le plus fin calcaire, les cuisses habituées aux bains de lait et massages nubiens, frottée d'huiles essentielles... Sa marche émerge d'un nuage d'encens, elle accède au Soleil pour des noces perpétuelles... Loin et ne se retournant pas, les pommettes irradiées, les lèvres habituées aux liqueurs divines, le menton et le front ne concédant plus rien, elle ouvre les yeux sur le disque sacré, absolument complice de l'Etoile, comme le montre un certain frémissement de narine, abandon d'épaule et décentrement du nombril...



11.20.2012

VASE BLEU en PEINTURE.... Une affreuse question...


 

La Peinture est sans défense.
Petits ou gros diplômes lorgnent sur son compte... C'est la rançon des invasions scolaires, des prises d'otages de sociologues, des intrusions de la politique à deux balles dans l'imaginaire moyen. Tout citoyen se boursoufle du côté de ses profondeurs. Puisqu'on lui vend des catalogues, c'est qu'il peut les lire, faire son profit des proses. La machine, la chose, la bondieuserie de l'art versent des camions de vérités recrues et recuites sur les tourments de l'Ego et du paysage social... Pas un cyclope qui n'ait l'oeil du peintre, qui ne débusque les cachoteries de l'Inconscient, les coquetteries de l'Histoire ou les impasses de la volonté sur son bloc-notes... ne se fende de jugements philosophes , d'indulgences religieuses et de grimaces constituantes dans la chasse aux mensonges, suivi par des mères, des vierges et des veuves affamées d'artistes... Quand la Peinture n'est plus qu'intrigues, crises de successions, partages d'influences, considérations sur le sexe, la politique et la fortune... Les dames-culture quittent les bénitiers pour des navigations plus excitantes... Question d'art, le pot de chambre n'est jamais loin des diarrhées et le crachoir des logorrhées, ils traînent sous les chaires des professeur(e)s, endiablent l'atmosphère et débordent de raison raisonnante... La classe des demi-instruits et des aventuriers en TGV sait pourquoi la Peinture est utile... Elle donne de l'esprit aux filles, du froncement de sourcil aux boutonneux, fleurit les plafonds blancs et les moquettes grises, pourvoit l'industrie des produits dérivés ( Ver Meer sur nos chemises...) , fait grimper le chiffre d'affaire des compagnies aériennes ... Il faut lui remuer la langue, parler pour elle, cacher de sordides intérêts, meubler les pulsions d'un peu d'ébénisterie, tatouer les orgasmes des signes extérieurs de l'aventure. Les filous qui n'ont de tripes à poser sur aucune table, un caillot d'amour-propre dans chaque artère, se la jouent en tee-shirt et converses sur le rocher monégasque de Prométhée... Les "moyens" se trouvent du sens de la vie chaque fois qu'ils tournent une page... Leur dévouement au bonheur général et à la santé n'a plus assez de mots pour remercier cet "Art" qui montre où sont les pieds quand on aime son prochain comme soi-même, qu'on veille sur ses têtes blondes et la sûreté des espaces de loisir.... Toutes passions qui furent celles du Führer, du petit père des peuples, du Grand Timonier, du génie des Carpathes... Le nuage des clones finira-t-il par triompher de l'abomination des cinq sens, raclera-t-il jusqu'à la dernière feuille de l'arbre de vie... Il sertirait les yeux humains dans des boîtes de sauces... justifiant à l'infini un Monde défini... et mortel.




Il y a des peintres qui posent une affreuse question:
Pourquoi la Peinture est-elle bonne ou mauvaise? C'est LA QUESTION , celle qui sépare fumistes et fumeux des vivants. Question difficile car la Peinture est bonne ou mauvaise quand on la fait, quand on la voit et quand on y pénètre.
Il ne va pas de soi qu'on sache ce qu'on fait dans l'acte de peindre : le corps manoeuvre, le corps prolonge l'esprit mais l'esprit ne pense pas avec des mots, il se vit une histoire...Il baigne dans un torrent d'images, de sensations, de souvenirs et d'obsessions qui lui joue sa musique , le transporte, l'installe dans un certain vécu qui n'a rien à voir avec celui des écoles et des administrations... Il respire en somme un air bien à lui dont l'oxygène va aux organes avec plus ou moins de vivacité, donne aux articulations , aux muscles, aux nerfs et aux sens de très personnelles capacités d'être ensemble, aide à la progression du travail... Ce corps, si distinct de l'esprit chez les pénitents de la pensée, retrouve sa place d'honneur, sa fonction de génération, celle qui fit d'une caillasse de silex une feuille de laurier, d'une peau de chèvre une outre d'eau fraîche... Toutes les métaphores ne sont pas grandioses... Il y a loin des amulettes à la figure du quattrocento, des poussières aux nuées, des grognements aux hymnes... Mais à force de déplacements, de transports, d'étals, de répartition de blancs, de noirs ou d'ocres, de correspondances entre autour de soi et entre ses mains naissent des figures qui s'appellent, s'engendrent, se battent et se reposent. Passer de la paroi au mur, du mur au panneau, du panneau à la toile et de la toile au papier... Ces passages ont accompagné des ruses infernales pour vivre plus vieux et plus nombreux dans des lieux plus sûrs... Mais dans le même plan que celui des cartes, des épitaphes et des mythes, les corps sont inscrits dans les pleins et les vides de la Peinture, dans leurs ombres et leurs lumières, dans les dessous et les glacis, dans les contrastes, les accidents, les ornements, les arabesques... Les pigments comptés jadis sur les doigts de la main, nommés à peine, sont devenus des centaines, oxydes, sulfures et carbonates de toutes les terres et roches... La bousculade ou la hiérarchie de ses parties et de ses détails, tel est le spectacle organisé de la Peinture, "cosa mentale" mais incarnée deux fois dans les gestes d'abord dans l'épiderme posé sur le support ensuite. Il y a donc des rythmes, des pulsations, centre ou absence de centre, vibrations, échos, renvois, douceurs, violences tous phénomènes acceptés, choisis, déterminés, mémorisés, désignés, mesurés, médités... Projection de soi, dira-t-on, quand on ne saura rien dire, bien plus : projection d'un ordre ou désordre, celui qui s'arrondit autour de soi, mais aussi brèches de l'horizon, coulées vers nulle part... Tout cela ne pèse rien, tient sur deux millimètres d'épaisseur... Guère plus résistant que cinquante kilos de Miss Monde dans le système solaire... Ce qui est bon c'est la pertinence des analogies, la rythmique oculaire et lumineuse des formes au sommet de leur santé... L'instinct de vie n'a pas d'âge, une trille d'oiseau vaut les psaumes et quand des mains se tiennent chaud, viennent l'amour, l'amitié, la confiance... La Peinture est bonne sans morale, sans justice , sans règle ni charité...
La santé se voit, se sent, s'entend, bouge d'une certaine façon, pose d'une autre... Elle ne discute pas, au contraire des horreurs ( ce fond de commerce pour parasites, mendiants et sorciers...tous bâtards de l'existence). Telle fut l'excellence des millénaires, qui fit monter le meilleur des bêtes et des plantes dans les vallées heureuses, qui distingua d'entre les rejetons ceux qui porteraient les bons fruits . Ce qu'il faut voir dans la Peinture est une santé du corps et nouveauté du monde. Un teint de pêche n'est pas la couperose, le blanc de l'oeil est de faïence, les doigts musiciens ne sont pas osseux, les vertèbres de l'amour ne saillent pas, les chevilles des coureurs sont fines... L'infinitude des signes que tout va bien faisait partie du bagage des marchands de chevaux et des trafiquants d'esclaves... La santé se moque de la beauté parce qu'elle échappe aux pervers. La santé a ses lois, ses germes, son calendrier, culmine après de braves expériences et de durs efforts, se dresse sur des millions d'années de digestions et d'agonies... Il ne suffit pas du nombre d'or pour qu'elle se fourre dans le plan, stupéfie les voyeurs. Elle se donne à ses semblables. Pour être vue la Peinture doit être refaite. Qui la refait prend la place du peintre et celui-là n'oublie jamais ses allées et venues , regarde de près et de loin, trouve la bonne distance avec le bon oeil, se pose où il a rendez-vous avec ses trains de mémoire et ses lignes d'horizon. Pour voir il faut regarder, faire ce qui fut fait, revoir ce qui a été vu, repasser où l'on est passé, calculer son élan se lancer, se rattraper en vol, atterrir où on n'avait jamais mis les pieds... c'est ainsi qu'a plongé pour l'éternité l'étrusque de la villa Amalia... Le tableau danse et fait danser ... Malheur aux vêtements en loques , aux souliers crottés, aux cochonnailles dévorées trop vite, aux faibles respirations, aux flots impénitents d'adjectifs, aux mauvaises compagnies... aux remords, aux ventres creux, aux blessures, aux boiteries, aux doigts crochus, à tous les tremblements de corps, de coeur et d'esprit qui font rater la lévitation et mordre la poussière...
Mais cette Peinture ne patine pas en huit avec plus ou moins de grâces. Elle va loin et profond quand elle travaille l'espace. Il peut s'agir d'une brodeuse, d'une asperge sur une table de cuisine, d'un gribouillage de lignes et de gris, d'un modeste épanchement de couleur... Dans cette intimité la respiration des formes peut émerveiller comme le parfum d'une joue de bébé, remonter en surface les indices d'un commencement du monde, les éclats et les tournures des premières fois de toutes choses... Ce paradis terrestre des renaissances, reluqué par les voleurs et les amis de la mort, est l'antidote des poisons et des remords de l'esprit, car les peintres voient les poisons dans les plats et les larmes séchées sous les yeux. Ce paradis survole un continent à la dérive... Les montagnes, les fleuves, les incendies, les viols, les orgueils, les furies, les tempêtes, les crasses, les obscurités, les explosions, les pourritures, les puanteurs, mensonges, boues, et raz de marées de l'étrange déconnexion des hommes et de la Terre s'empilent, se cabossent, et se meuvent comme les pommes sous la meule... Car les hommes ne sont pas faits, ils restent à faire et personne ne sait pourquoi ces singes se sont débranchés de la commune existence et du destin qui fut celui des requins , des cafards et des reptiles... Personne ne sait ce qu'ils deviendront. Avaient-ils envie de rire ? La peinture fut au commencement de leurs peines. Ils ont inondé d'ocre rouge et couvert de fleurs les premiers morts véritables, ceux qu'ils ne jetaient plus au fond d'une tanière ou dont ils cessèrent de sucer la moelle... Il est probable qu'ils se sont couverts de signes, scarifiés, décorés pour donner du corps à leurs songes. On a vu leurs traces de pas, les brindilles résineuses de leurs lumières et leurs collections de mains soufflées, détourées, leurs chapelets de bêtes au fond des grottes... Leurs désirs et leurs lendemains ensorcelés... Et puis toujours du désir et de l'au-delà sous les cendres du Vésuve, aux plafonds, aux murs des églises, des palais, des chambres ... Des conquêtes du monde, des pelotages de fesses, des chasses, des moissons, les âges de la vie, des fumées de l'industrie, des portraits d'ancêtres... Les horreurs de la guerre, les corbeaux de Van Gogh, Guernica, les kolkhoziens, les tarés de Georges Grosz, les vélos de Léger, les soupes à zéro calories de Warhol, les plages de Raysse, les dentelles d'Alechinsky, les traces de Pollock, les suicides, mutilations, reductions et hurlements en pagaille... Mais aussi, devenus plus vrais que les vrais, les arbres de Cézanne, dindons blancs de Monet, travailleurs de Caillebotte et landaus de Berthe Morisot. Le roulement des egos dans le flux et le reflux des marées, la descente progressive des angoisses des rois et des papes sur les paillassons de banlieue et dans les cachotteries de la mode, les bandes dessinées, le vieillissement bolide des enfances, la culture débitée en tranches... Les matériaux innombrables et incertains comme les hommes...La Peinture traîne dans les sédiments, les poussières, les scories, les dépôts des déchets innombrables de dix milliards de condamnés à vivre dans leurs décharges... Aspirer, balayer, gratter, frotter, polir jusqu'au plan, faire clair et net. Faire peu. Se taire. Ne regarder que le style craindre les trop bonnes raisons et sourire amusé aux déplacements de la Lune...

DE A à Z ....

1972-2012 . Suite de 459 peintures.
 L’être est ; le non-être n’est pas. 
(Parménide fin VIe, début Ve siècle av.JC) 

LA SERIE

La Peinture de Ducruet vient en France après la Nouvelle Figuration. Elle en a gardé la vigueur de forme, le durcissement des contrastes chromatiques, les sauts d'une plage à l'autre. Mais la signification est ailleurs: il s'agit moins de peindre objets et animaux dans leur épure que de situer tout élément de réalité dans un positionnement primordial.
Des femmes, avec leurs poitrines et têtes rosées, ne cessent de vous regarder de leurs yeux rouges, ou bleus, ou noirs, dans cette tristesse insigne qui les fait apparaître sur le rectangle ou carré de la toile comme à la fenêtre. Plus tard, le thème de la croisée deviendra manifeste ; au début il est latent, dans ces immuables poses féminines. Comme si c'était l'activté de peindre tout entière qui allait se mettre à la fenêtre, pour être regardée.
Van Gogh avait fait sentir, par une touche toute en vibrations, une crampe convulsive dans tout objet. Ducruet ne croit pas aux forces élémentaires et à une rythmique foncière. Il peint des images terrestres, primitives, schématiquement durcies en aplats: des formes plus ou moins géométriques s'engrènent à des courbes, ou seulement les approchent. Ducruet peint des arbres comme des cônes verts, pâles ou plus moyens. Toujours des apparences, seulement des aires pénétrables. Et la peinture prend une chance nouvelle: le motif le plus conventionnel est une raison suffisante pour se lancer dans la mobilisation des spectres chromatiques, des alphabets de formes. A partir de ce moment, les audaces changent. Les corps se rapetissent. L'ordre des apparences offre un saute-moutons vertigineux où les pôles s'échangent.
C'est un passage que Ducruet campe, la rémanence de nos imageries: dans ses bords de mer, frontons et colonnes de temples, socles et esplanades, avec ces corps immémoriaux becquetés de rouages, l'antique et le moderne se confrontent, le charnel et le mécanique, le rectiligne et le courbe. M.Sicard






FAUX NAÏFS ....




Il s'est passé quelque chose de curieux à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième... Des autodidactes obsessionnels se sont mêlés aux bouleversements de l'Art. Ils ouvrirent un nouveau chemin à la Peinture. Comme Henri Rousseau, ils rêvaient d' un idéal académique. Mais ils le déformaient avec des formes sincères, ils le tuaient avec des couleurs fraîches et bizarrement accordées. Soixante verts ne sont pas rares dans une forêt du Douanier Rousseau...
Ces formes "impures", ces couleurs affectives préparaient les yeux à des libertés modernes, à des coups d'oeil inattendus. Hélas, les tanks, les barbelés, les charognes, les gueules cassées de la Grande Guerre, le siècle des cauchemars et des guerres civiles ont renvoyé les "Naïfs" dans la forêt du côté des nains de jardin. Pourtant nous restent une chevauchée prémonitoire, une fatale poupée, blanche sur un cheval noir à tête de tapir. Elle fonce au triple galop sur des barbus sabrés et dépouillés. Le corbeau se rassasie, les nuages sont roses sur un ciel abricot...
La peinture n'est jamais naïve, sauf quand elle est mauvaise... Les marchands de tableaux ont forcé la caricature : petits formats, bonshommes, fleurs enfantines et vertes prairies... Ce sont là des tableaux de cuisine ou de chambre d'enfant... Des peintures sucrées pour femmes de goût... Il devrait y avoir d'autres mots... que "Naïve"... Tant qu'il s'agit d'enfantillages et de personnages sans défense, cette peinture "naïve" est bien nommée, et de plus elle ment. On se demande ce que lui trouvent les amateurs bourgeois. Peut-être ce qu'ils espèrent du peuple : une sorte de vitalité sans complications, un vide politique... Ce qu'ils appellent "l'Authentique"... qu'ils trouvent aussi dans les liqueurs de qualité et les restaurants ...
Les autodidactes d'aujourd'hui savent lire. S'ils peuvent tirer de leur enfance et de certaines fleurs de liberté ce qu'il faut de confiance, je parie qu'ils peuvent être à l'aise en vivant dans leur tête. Je parie qu'ils peuvent s'installer eux aussi aux premières loges des vraies comédies de la vie... 

VISITE  

11.07.2012

LE VOYAGE A VENISE , La video

Sur le site

 En ligne

Départ de paris par le train de nuit, arrivée au matin, la gare à 50 mètres de l'hôtel....
Une promenade de 25 minutes sur les pas de Sophie. Un tout petit camescope, Toshiba camileo p30, qui a l'avantage de passer inaperçu, la HD, un bon capteur et le minimum de réglages...Ici c'est la version muette, la version sonorisée étant strictement privée pour cause de droits d'auteurs.


10.25.2012

VOYAGE EN COREE DU SUD


 http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/KOREAN-TRIP-VOYAGE-EN-COREE.htm



J'ai mis mes photos de 2005 en ligne, A partir d'une planche contact, 22 vignettes de 425/340 px, on accède à un montage video sonorisé  de 25 minutes. Musique  coréenne traditionnelle du domaine public.



 


                                   Détails, coups d'oeil, pêle-mêle.... 
 NATURES-MORTES, Les BOUTEILLES
Bouteilles peintes, montage réalisé à partir de photos de 2003. 
Un visuel bien caractéristique de ce que j'aime en photographie, simplicité, frontalité.... 




Priorité au visuel, rapidité d'accès, la page des entrées fonctionne en quatre langues. 
Au programme:
Diaporamas et films 

http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/annonces.htm



LE NOUVEAU SITE!

Michel Ducruet Web-Museum ,  "Chemins faisant", Le nouveau site est bien avancé 



http://www.michel-ducruet.fr/index.html


10.03.2012

Le VOYAGE DANS L'ÎLE DE B...


C'est l'Histoire d'une série de métamorphoses involontaires, une histoire de folie savante, l'histoire d'un miroir magique qui fait aller et venir dans les couloirs de l'inconscient, sans psy, sans rien, juste un face à face entre soi et un obturateur livré à lui-même. En ligne.


M.D..., Anthropologue, séjourne dix-huit mois quelque part en Insulinde pour étudier la signification des peintures et des objets dont se couvrent les habitants. Ceux-ci refusent les photographies et les questions directes. Puis après de longues discussions, ils proposent d'opérer sur l'anthropologue lui-même qui accepte de prêter son corps. Les indigènes, après une brève formation, prennent alors les photographies de ce livre. L'île de B... mesure une centaine de kilomètres sur soixante-dix. Elle est peuplée d'environ trois mille personnes. On y parle trois langues. Cette population vit sans recherches de contacts avec l'extérieur. Loin des routes maritimes, entourée de mers poissonneuses, l'île de B... possède cependant singularité remarquable: c'est un carrefour de courants marins, très exactement de branches secondaires des flux océaniques. La bio-diversité est intense, aux influences africaines, asiatiques et américaines . B... n'a reçu que des visites accidentelles. Bougainville y a relâché. Quelques marins arabes, quelques pirates de Malaisie, des pêcheurs entraînés par la tempête, une jonque de porcelaine auraient pu y accoster au hasard des ouragans ou des erreurs de navigation. Une escouade de Japonais s'y était t enfermée pendant la guerre. Le vingt novembre 1945, la Mary Cook, frégate des Etats-Unis, les a rembarqués. Il n'existe pas sur B... de mission chrétienne. 





Les habitants ne connaissent pas l'écriture. Une espèce d'enseignement oral a lieu à tous les âges. Il est fréquent de rencontrer des indigènes qui peuvent nommer 2000 plantes. Tout le monde porte des peintures ou des motifs sur le visage, jamais de bijoux. Ces peintures sont exclusivement de noir et de blanc. Les noirs sont tirés d'écorces brûlées, les blancs proviennent de coquillages réduits en poudre. Ils se servent de graisse animale comme liant.Leurs étoffes, monochromes, viennent du bois d'un arbre à pain qui se trouve entre mille et quinze-cent mètres, dans les parties hautes des terres de l'intérieur. Le seul européen qui depuis cent-cinquante ans nous a laissé quelques observations sur cette contrée perdue, est le Baron de Hubner, ministre austro-hongrois qui fit un tour du monde entre 1881 et1883.
http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/LE-VOYAGE-DUCRUET.htm

10.01.2012

"L'étrange Livre des Poires"

est en ligne. 

http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/poires-parler-de-poires.htm

Ce n'est pas la Sagesse qui tire les ficelles de la Vie, c'est le Destin. ( Cicéron )

Il existe une infinie variété de poires. On trouve des poires à couteau (ou de table), des poires à faire des poirés, des poires sauvages . Je connais 48 espèces de poires à dessert , on doit pour l'ensemble friser les sept ou huit-cents variétés. Ce n'est pas cela qui m'intéresse.
Les poires sont méconnues parce que notre gourmandise les a laissées tomber. Elles n'ont pas résisté à l'invasion des fruits exotiques débarqués par avion. Les ananas, les bananes, les oranges, les kiwis et tous les fruits faciles ont pris le dessus. Une clientèle massive pousse des charriots. Cette clientèle exige du frais,de l'hygiène et de la simplicité dans son alimentation. Il est urgent qu'elle mange vite pour travailler. Or les poires se moquent des gens pressés. Ce sont des aristocrates... Des générations de jardiniers dévoués, le sourire de quelques princes, ont avec doigté fait courir la sève des poiriers aux bons endroits pour que le soleil y dépose des parfums plus subtils que ceux de l'amour. Ces hommes, ces nobles étaient attentifs à la chair . Ils savaient comment se greffent les rameaux sur des troncs de trois ans. Ils taillaient les jeunes branches pour qu'elles profitent du soleil et du déplacement de la sève. Cette économie du bonheur consistait à aimer l'arbre avant d'aimer le fruit. Les très bonnes poires n'ont pas de goût au sens ordinaire, elles dégagent des arômes aussi particuliers que ceux des grands vins. Ils se suivent comme les vagues d'une mer intérieure, demeurent en bouche et envahissent la mémoire. On peut après vingt , se souvenir d'une poire. Les temps ont changé puisque avec la chimie tout parfum peut résider n'importe où..... Une truie peut sentir la caille. Dans ce contexte de régulation des appétits, les poires perdent le nord. Je suis allé dans le secret de certains vergers pour voir comment elles vivent leur nouvelle vie. Elles se métamorphosent. Elles nous copient. Bref, elles nous ressemblent... Mon père cultivait à l'ancienne quelques centaines de poiriers. Il m'éleva comme ses arbres , en silence ou en chantant, dirigeant la sève à coup de sécateur. Il faisait mal , mais je sus pourquoi après sa mort . Un colonel de la wehrmacht organisa devant les soixante survivants d'un bataillon de neuf-cents chasseurs , un défilé de parade et la présentation des armes :" Vous...Braves soldats Français!" Juin 1940 ... Mon père avait vingt-six ans. Je voudrais qu'on imagine quelques vies vies des poires de ce siècle...



"nous vivons dans un monde de choses, où une bouture d'acacia, un gène, une image de synthèse, une main qu'on veut greffer, un morceau de musique, un nom déposé ou un service sexuel sont des choses comparables".
 A.Bellanger. " Théorie de l'information       

http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/annonces.htm


  Ce site est un Web Museum personnel où sont entreposés des souvenirs en image depuis les années trente.. Mes travaux de dessin, de peinture et de photographie sont représentés par une série de pages qui montrent l'essentiel. Trois livres viennent s'y ajouter : "Le Voyage dans l'Ile de B..." (une fiction où l'autoportrait résulte d'une méprise comique exprimée dans les image et dans les mots), "L'Album" où il résulte d'un regard porté sur mes proches au fil d'une vingtaine d'années, "Le Livre des Poires enfin, où il se constitue à partir d'une manipulation et d'une mise en scène des objets. Cet inventaire serait incomplet si j'oubliais des pages rescapées du "Journal d'humeur et d'opinion" qui parut de 2003 à juillet 2012 dans un site aujourd'hui terminé. Au fil des promenades photographiques ,"Chemins faisant", viennent les paysages... En tête du site on trouve une page de cuisine qui devrait mettre tout le monde en bonne santé...:-))






 En construction  mais bien avancé.