Rechercher dans ce blog

12.11.2012

TROP COURT VOYAGE .....





Aux Dardanelles, loggia de l'hôtel....




En Anatolie, les chiens sont calmes, les ruines innombrables et l'antiquité affleure écroulée sur elle-même au fil des tremblements de terre, des invasions et des croyances....Mon voyage était fort court, mes nuits se passaient dans des cinq étoiles où des "groupes" de touristes menés par des guides fatigués se rassasiaient de platées abondantes et de détaxes faciles... Ailleurs l'agitation de la croissance autorisée par la gouvernance mondiale, un décollage couleur béton, des paysans en sursis, des voitures , des hommes au regard clair, des femmes sous la garde d'Allah, des enfants nombreux, des marchés foisonnants... En somme l'Europe de l'Ouest en 1960-65 oubliée chez nous ...Une sorte de santé transitoire entre l'immuable et le jetable ... Barré par la langue, débarqué trop vite, je n'ai pu me lier aux gens, me suis attardé sur des détails, fort songeur sur les vainqueurs de Byzance et méditant sur l'incroyable longévité des empires défunts, si semblables aux oliviers immortels, razziés, gelés, brûlés et repartant des racines....

"PRESENCE DE LA MORT" .....

Depuis qu'ils savent casser des cailloux, les hommes cassent tout ce qu'ils peuvent: des branches pour faire des bâtons, du sucre sur le dos des autres, des molécules pour faire tourner les moteurs, des gènes pour donner aux salades le courage de flinguer des limaces... Quelques singes nous imitent et cassent des noix, ce qui prouve qu'ils sont intelligents et créés à l'image de Dieu. Si nous ne cassions pas nos pipes de temps à autre nous ne saurions de quel bois nous chauffer pour maîtriser le monde. Notre arme absolue c'est la Raison. Sans elle nous ne pourrions couper les cheveux en quatre, débattre sur le sexe des anges, exterminer les hannetons et faire des vaches à lait avec de l'eau potable... Jamais nous n'avons eu autant de philosophes que depuis les guerres mondiales, les holocaustes et les batailles planétaires. Nos économistes veillent sur l'embonpoint des nations, les sociologues portent la chandelle du bonheur, les moralistes collent des feuilles de vigne sur les bonnets rouges de la Liberté... Les tempêtes pédagogiques remuent de l'ignorance dans les verres d'eau. 
De fil en aiguille tout ce qui est réel devient rationnel... Nous sommes à l'abri des barbaries, sauvageries et cruautés grâce à notre prodigieuse compréhension de l'Homme et des choses. Notre avenir sera prévisible comme la Météo, ce n'est qu'une question d'ingénieurs et de machines. Il est probable que rien ne peut plus nous échapper, que nos dieux seront à notre image et que nous fabriquerons des raisons de croire comme nos ancêtres taillaient les pierres en faisant quelques étincelles... Nos chats peuvent dormir tranquilles et remuer des pattes en rêvant, ce n'est pas avant quelques centaines d'années qu'il fera chaud en janvier, que le Panthéon cachera des murènes ou que les bigorneaux prendront de l'altitude... Le cerveau n'aime pas les coups de chaleur, mais en 1922, Charles-Ferdinand Ramuz décrivit en beauté la métamorphose de la Planète Bleue en marmite du Diable...

 
Pattes de chat  pendant sa sieste


Dans "Présence de la Mort", un titre peu suspect de marketing, il pousse le bouchon de la canicule aux dernières extrémités, à mesure que dans les plaines explosent le thermomètre et l'amour du genre humain. La marée de toutes les déchéances grimpe avec les températures sur les pentes des montagnes et passe les sommets. La cuisson finale vaut largement celle des langoustes puis le monde débarrassé de ses maîtres, poursuit sa ronde, cloqué-grillé... Le réchauffement de la Terre n'est plus à craindre, il commence. L'extrême du comique serait qu'elle brûle à pierre-fendre, parce qu'un singe cassait des cailloux pour aller plus vite et plus loin sur la voie de la Raison.

12.09.2012

LES BOUTEILLES PEINTES / PAINTED BOTTLES




En ligne sur mon site, symphonie inachevée....


Voilà, vous êtes sur une planète qui chauffe, vous nagez dans vos déchets, vos semblables sont si nombreux que vous doutez de la Providence. Vous aviez une passion pour les animaux sauvages mais c'est fini, vous êtes en deuil des forêts, des montagnes et des mers... Vos informateurs vous racontent que les bêtes s'effacent devant les singes savants , disparaissent sans un mot de la scène du monde et que de l'Amazonie aux chambres d'enfants, des têtes de tarés remuent le menton sur des écrans. Des voix d'institutrices montées sur silicones chantent les mérites de la douceur, des hommes graves distribuent force papiers hygiéniques aux oublieux des Droits de l'Homme, les balances de la Justice n'arrêtent plus de monter et de descendre, la peine de vivre chasse la peine de mort.
Quelles sornettes devez vous apprendre par coeur pour rendre le monde habitable ? La ville la plus dégueulasse de la Terre est moins peuplée de fous que Jérusalem des trois religions, des croisades, des lamentations et des barbes?... Quels fumistes vous persuadent qu'il n'y que les lois pour générer l'amour? Quels voleurs vous disent que la Terre est à celui qui la possède, que les bêtes sont des échantillons gratuits de la Création, que vous méritez plus de ciel que d'enfer et plus de cul que de pitié ?... Les obsédés de lois sont obsédés de batailles. Laissez tomber les coupeurs de cheveux en quatre, les proxénètes du Bien, les gardiens des femmes, les merdes du trottoir et les rues bondées... Soyez sages, ne voyez que d'un oeil, c'est assez pour voir l'Homme qui n'est estimable que de loin et devient irrespirable quand il s'approche, étale ses varices, chicots et mauvaises haleines dans ses prières... Faites semblant de l'aimer pour lui-même, c'est le mensonge auquel il ne résiste pas, vous aurez la paix pour admirer le Soleil, les occupations des plantes et des oiseaux, vous serez tranquille pour pleurer sur l'irrésistible beauté du hasard et vous aurez tous les diamants dans les mains quand vous boirez à la fontaine... N'achetez rien aux riches et ne vendez rien aux pauvres, faites vos bagages, votre dernier voyage sera interminable, et ne gardez avec vous que la rosée du matin et la fraîcheur du soir...