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12.21.2013

CIVILISATION ...






In : Jean Gremillon. Remorques.



En 1958 (eh oui...) la Librairie Armand Colin publiait à l'usage des étrangers instruits et des français de bonne volonté les deux volumes de l'HISTOIRE de la CIVILISATION FRANCAISE de Georges Duby et Robert Mandrou, ci-devant historiens de qualité. Les auteurs s'excusaient de présenter cette histoire en 700 pages seulement, car disaient-ils, il s'agit d'une des civilisations les plus complexes, sinon les plus raffinées qui aient jamais été... Mais ils ajoutaient modestement que le livre s'adressait aux grands élèves du secondaire, aux étudiants, au grand public, aux étrangers curieux de la langue et de la culture française , à tous ceux qui désiraient avoir une vue d'ensemble de notre civilisation, mieux saisir à travers dix siècles d'histoire les traits originaux de la France d'aujourd'hui... Cette "personne" (sic). 
Il reste sûrement des étrangers curieux de la culture française, c'est moins évident du côté des curés de la pédagogie centrée sur l'élève. Ce livre a été réédité plusieurs fois et traduit en neuf langues. En 2006, dans un tout autre régistre, Nelly Mauchamp, auteure de plusieurs ouvrages sur la société française, chercheuse au CNRS et professeure à Paris-3, Sorbonne nouvelle, publiait aux éditions du Cavalier Bleu, un lexique des "idées reçues" sur les français, ces idées qui mêlent souvent le vrai et le faux, pour apporter un éclairage ô combien salutaire sur ce que l'on sait ou que l'on croit savoir...
Donc les peuples ne naissent pas des dernières pluies... Ce ne seront pas les israéliens ou les iraniens qui nous démentiront, ni les turcs ni les arméniens, kurdes, serbes, italiens, marocains, russes, espagnols, écossais, allemands, suisses, zoulous, inuits, brésiliens etc... La liste n'en finirait pas, plus longue que celle des états qui ont un fauteuil ou un strapontin à l'ONU. 
Les infortunes et les folies de l'Europe ont malheureusement transmis pour un temps le flambeau de la civilisation à des sprinters plus rapides sur leurs jambes que subtils dans la cervelle. Tout ce qui brille n'est pas or, les fabricants de miroirs aux alouettes le savent bien, mais les alouettes du monde ont encore le bec tourné vers la Californie et Manhattan, car avec du soja, des films et des dollars on  fait des miracles... 
Il n'y a pas que des jobards d'outre atlantique qui s'y prennent avec les gogos, ils ont leurs clones aux quatre coins de la planète, l'essentiel étant que sur cette planète ronde la monnaie circule rondement et que des élites tirent les ficelles de la fin des temps. Ces maniaques craignent qu'un milliard et demi de chinois ne leur marchent sur les pieds, car en Chine on se fiche de l'au-delà et tout vient à point pour qui sait attendre... 
Les super-bateleurs du monde selon l'Axe du Bien font donc la part du feu : ils rasent ce qui dépasse chez les faibles, divisent les peuples avec des gri-gri, des chapeaux, bonnets, voiles et calottes, poussent aux fesses des races pures de citoyens, armées les unes contre les autres dans le maelstrom des centres commerciaux... Punks, Salafistes, Nationalistes, Sionistes, "Jeunes", Blacks, Intégristes, Supporters, Lesbiennes, "Descendants d'esclaves", Voilées, Chasseurs, Gays, Obèses, Motards, Artistes ( les uns et les autres ayant le cul sur des soupapes dans les embouteillages).... Ces fractions aussi "légitimes" les unes que les autres, servent à l'illusion d'un vaste monde alors que les chemins passent par le politiquement correct, l'information de synthèse, la communication entre chiens de Pavlov... Le goût, l'odorat, la vue, le toucher, l'ouïe devenus électroniques et chimiques... tiennent les rues, les ascenseurs et les assiettes. Les îles de Robinson, les cimetières des éléphants, les temples du Soleil et les monts de la Lune ont déserté les deux hémisphères... On voyage entre les codes barres... 



LES PETS ET LES ROTS ...







Dans le hachoir du XXIème siècle, nous sommes à deux doigts de gagner une partie, parce que nous faisons des bébés avec ou sans mariage, que pas un seul de nos citoyens n'oublie de se plaindre et que la plainte générale est un merveilleux dénominateur commun. J'ai connu plus de bacheliers turcs, arabes et kabyles qui se plaignaient en bon français que de rejetons de la France dite "profonde" qui manquaient de bière... Notre savoir-vivre procède d'une longue expérience de la guerre civile... Les communautaristes qui prospèrent dans l'hexagone à la solde d'états et de dieux jaloux, tous les sorciers qui font des pieds et des mains au service du Diable, c'est à dire de la stricte observance des livres saints, nous croient faibles sous prétexte que le Paradis nous fait rire... Nous nous moquons des terres promises, ces déserts où s'étripent des iconoclastes pour d'éternelles querelles de points d'eau et de livres... "Un riche laboureur, sentant sa fin prochaine, fit venir ses enfants, leur parla sans témoin..." : La Fontaine nous a guéri des illuminés qui promettent des vierges et des mignons dans l'au-delà si on se prive de cochons, de beaujolais, de poireaux, de rasoirs et de femmes libres... Nous font pleurer de rire les dents blanches, l'haleine fraîche et les tripatouillages de strings sur les tapis rouges des people et du FMI... L'Eglise de France fit de Jeanne d'Arc une sainte, histoire de la piquer aux Républicains qui l'avaient faite l'héroïne du peuple... Qui devons-nous fréquenter pour savoir qui nous sommes? Nos élus n'ont pas les mêmes alliés que notre peuple et s'ils crient au feu, nous savons que leurs vessies ne sont pas des lanternes magiques... Quand seront menottés les porteurs de valises de quelques pays sur le qui-vive, que seront déplumés et cornus les idéologues qui vendent le bonheur aux enchères, que nous serons en quelque sorte comme des chinois en chine , buveurs de l'eau où nous sommes nés, laveurs de linge en famille et que nous choisirons une bonne Europe pour ne pas mourir idiots, nous pourrons chanter, toutes hontes bues : "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage..."
A moins que trop usés par nos mensonges , nous choisissions la pesanteur, l'amnésie, les démangeaisons, la flicaille, les communautés, le meurtre, les soupirs, les pets et les rots... 





PERSONNE ...









Mon nom ne vous dirait rien, je ne suis personne... Tel que vous me voyez, je m'étais armé pour descendre l'interminable escalier qui menait à une certaine cave. Je tenais un bougeoir, les marches glissaient à cause de l'humidité. Il y avait des couloirs qui partaient à droite et à gauche de certains paliers. J'y ai vu des photographies d'inconnus rangées sur des étagères avec des inscriptions précises et indéchiffrables. J'ai vu depuis dans des tombeaux anciens, saccagés par des adolescents ivrognes, des portraits de ce genre, reportés en sépia sur des porcelaines... Je descendis un nombre incalculable de marches. Il y avait des bruits indistincts et comme des murmures. Je me sentais en forme. Quand je fus tout en bas, j'entrai dans une salle carrée. Les murs étaient à peine visibles faute de lumière , mais sur une petite table au centre de la pièce, on avait posé un cadre de cristal. Il contenait une photographie. Quand je me suis approché, le cristal émit une lumière bleue aux quatre coins du cadre. Bien que la photo soit nette , je dus m'approcher à dix centimètres pour la voir vraiment. Une jeune femme et un jeune homme occupaient l'ovale découpé sur un fond noir. La femme portait une boucle d'oreille en forme d'étoile avec des brillants au centre, une broche de grande taille fermait son col. Ils étaient tous deux en costume de fête ou de cérémonie, à peine sortis de chez le coiffeur. Je cherchais une inscription, des noms, une date, mais il n'y avait rien. Je regardai autour de la table, mes yeux s'étaient faits à l'obscurité. Rien sur les murs ni ailleurs. Le sol était fait d'un carrelage de terre cuite, des tomettes hexagonales comme on en voit tant au sud de la Loire. Au moment où je me disais qu'il fallait remonter, je sentis un tremblement dans le dos, des frissons aux bras et une sorte de contraction de la gorge. Il se mit à faire froid. J'avais un vertige. La photographie grandissait à vue d'oeil et alors que je baissais les yeux je vis que je portais des sandales et distinctement que je chaussais du 32. Rien ne bougeait sur la table, j'étais essoufflé, il y eut une odeur de moisi, je fonçai dans l'escalier, je courrus de palier en palier sans m'arrêter. Je m'étonnais de courir si vite. Je regardai en l'air et je vis que la Lune avait changé.

GOYA, FIESTA ....





Fête ou pas fête, la différence consiste moins à vouloir du Bien qu'à espérer de la vie en plus ... A quel prix? Retournez-vous, voyez la dépense, les rêves anciens, les chimères partagées, les trésors trop remontés en surface, les provisions gaspillées, les bêtes sacrifiées aux machines, poisons et combinaisons de finances...Votre Paradis vous menace de sécheresses, grandes marées, bousculades géantes et qui sait, de triomphes ridicules sur des champs de bataille gazogènes et thermophiles... Ce qui reste de vos amours ne rafraîchira personne et tout courant d'air sera plus aimé que l'amitié. Il y aura des cannibales où paissent les antilopes et les forêts torréfiées borderont des fleuves pourris où les crocodiles bailleront pour toujours. Ne vous faites pas de souci, il y aura des hommes au sein des nuées d'insectes, des hommes sages qui n'auront plus besoin de livres, de palais et de mémoire... Des hommes enfin libres de promener des migraines autour du Soleil et de naviguer sur des bancs de méduses phosphorescentes... Il y aura des fusées habiles qui passeront les égouts circumterrestres et porteront des messages collés sur des containers d'ovules et de spermatozoïdes... Il y aura des petits malins qui cacheront un poil de cul dans des flacons d'ADN à destination du Destin...

MONOPOLY .....









A Venise et partout sur la Terre on dit que l'eau froide vire au tiède et qu'il y aura des problèmes pour les zèbres dans les savanes. On dit qu'il y a tant de vaches qui pètent et de gros lards qui débordent que l'atmosphère a mauvaise haleine, si mauvaise que, de mémoire de phoque, on n'a jamais vu tant de harengs saurs dans les villes-lumières ni tant de glaçons fuir les pastis... On dit que nos vieilles habitudes vont en prendre un coup. Depuis quatre ou cinq cents ans nous chantons :" Pile, je gagne et Face, tu perds."

Nous sommes égosillés et plus grand chose ne sort de nos gosiers civilisés...

Nous terminons une gigantesque partie de Monopoly commencée entre amateurs d'oignons dans les rues d'Athènes, patrie des philosophes et de la raison. Après une interminable séance de distribution de monnaie, coupée de meurtres, d'incendies, de faits héroïques ou lamentables, quelques obstinés de l'estime de soi, plus obstinés que des frelons, firent le tour du monde à la voile et posèrent les pieds sur toutes les plages de la création. Il fallait des hommes de sac et de corde pour chercher fortune en mer sur des rafiots puants, pourris et inconfortables... Quand ces individus débarquaient avec leur vermine, scorbut et fringale de fesses fraîches, ils se taillaient des paradis terrestres à l'épée, cherchant des poules aux oeufs d'or dans les boyaux de leurs hôtes, copulant partout et donnant des malchanceux à bouffer aux chiens... 

La Raison et l'Amour du Prochain font triste ménage avec le droit du glaive ... Pirates, corsaires, négriers, conquistadors, pélerins, soldats, explorateurs, se jetèrent dans la déferlante du "Progrès". Tant qu'il n'y eut que des voiles pour aller vite et des mousquets pour faire des cartons, les ravages de nos gros bras et de nos têtes farcies ne furent guère plus inquiétants que le lot habituel de saloperies qui accompagnent les "avancées" de l'Humanité... Car les plus féroces bousilleurs de chair humaine furent des microbes : le rhume, la rougeole, la variole, la peste, la chaude-pisse et la grande vérole des luxurieux.... D'est en ouest et retour vont les microbes, quelquefois du nord au sud. On a oublié que la première guerre mondiale fut d'abord celle des bactéries et des virus, redoutable mêlée d'inconscients minuscules, hyperactifs et 100% honnêtes... La dignité des hommes méritait mieux : sur les côtes d'Afrique, les marchands arabes firent de l'esclavage pendant douze siècles, histoire que le thé soit servi à l'heure et que des nuées d'objets sexuels se convertissent à l'enseignement du Prophète. De l'autre côté des déserts, des brousses et des forêts, l'Europe charria chrétiennement quatre siècles de "Bois d'ébène" vers les Amériques... vidangea le nouveau monde sur l'ancien, pour le bonheur des marchands de sucre, des armateurs et des arts... Puis un plombier écossais, méditant sur les joints, les cylindres et les pistons fit d'une marmite une machine à vapeur. D'autres enfants du Seigneur méditèrent ensuite sur les canons chargés par la culasse, les carabines à répétition, les mitrailleuses, les télégraphes, les écoles, les pauvres travailleurs et les riches roturiers, toutes sortes de locomotives, navires à roues et à hélices, mines de charbon, de fer etc... Tous progrès fantastiques qui mirent la Terre dans le sac d'une poignée de propriétaires...


La partie semblait interminable vers 1900 car les joueurs perdaient insuffisamment et ne gagnaient plus assez. L'ennui, l'envie de vacances , une sorte d'anesthésie de la crainte, la béatitude des victoires faciles, un retrait des cervelles firent en fin de compte la joie des pantalons rouges et casques à pointe... Une sale blague d'étudiant serbe, les calculs idiots d'une bande de comptables enivrèrent des marchands de ferrailles, puis un caporal à moustache étroite construisit des abattoirs géants et quelques savants issus du peuple firent des bombes d'exception dans un désert d'Amérique....

Les choses en étaient là lorsque je suis né. Il y avait environ 2 000 000 000 de têtes plus ou moins pensantes pour survivre aux caporaux à moustache étroite et aux savants de Los Alamos. On venait d'occire quelques 2,5 % de l'humanité, une bagatelle en termes de croissance ou de chômage... Soulagés par cette trempette sous une douche froide, les bons apôtres de l'après-guerre nous ont lancé dans un nouveau combat contre les forces du mal : l'air pur, l'eau propre, les forêts, les paysans... 
La Nature, ennemie jurée des bouffeurs de Bibles, pourfendeurs de péchés et de paresses, prise à la gorge comme une bête féroce, serrée à mort par les extracteurs de profits, chasseurs d'or et baiseurs de peuples, moquée, trahie, vendue, piétinée, salie, pourrie, amputée, maquillée, sodomisée à qui mieux mieux, la nature se venge sans un cri, monte les thermostats, s'enfièvre, coûte de plus en plus cher et ne cède plus rien aux prières. Dans des caves dorées risquent de s'éveiller des cruautés, de subtils cauchemars, des projets fantastiques de flagellation... Y aurait-il déjà quelques flacons de la dernière extase, quelques grammes de virus obéissants, de bactéries dévouées sous les bouchons de champagne de la fête des salauds?... Imaginons la Genèse ... La fin accidentelle de 7 milliards de "coupables", vite méthanisés, lyophilisés, injectés sous les plantes, pulvérisés sur les poissons.... La survivance miraculeuse de quelques millions d'associés pour le pire, jurant, mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus ... Les nazis devenus des hommes dans les assurances, la restauration, l'enseignement, la police, la chirurgie et j'en passe....
Les archanges de l'effet de serre, après partage des dépouilles, réorganisation démographique et zoologique, publieront des B.D. sur la puanteur des temps préhistoriques et la force des vents dans les voiles...



12.18.2013

LES FRANCAIS ....







Les Français changent de régime comme de chemise, mal fagotés depuis 1789, surpris de leur gloire ancienne et bousilleurs de talents. Indifférents au monde, jardiniers, querelleurs, condamnés à l'exception par leurs abrutis bien élevés, ils oscillent entre les désastres programmés et les victoires inattendues, gouvernés par des incompétents qu'ils ont soigneusement choisis, car ils craignent les esprits clairs et les poignes solides quand il s'agit de vivre ensemble. La République ne les a guère plus gâtés que les Capétiens, Valois et Bourbons de jadis... Les vertus citoyennes aiguisées comme le tranchant des guillotines n'ont empêché ni la pétaudière de 1848, ni la colonisation à outrance, ni l'abattage des pantalons rouges ni le ratage de la paix, ni la déchéance de Munich et de la guerre d'Espagne, ni la drôle de guerre, ni les armes de Gamelin rendues à Pétain, ni l'Indochine, ni l'Algérie, ni Gaston Deferre restaurateur des grands féodaux sous Mitterrand... Tout ce qu'il y a de fondations dans ce pays vient de Louis XIV, des deux Bonaparte, et de Charles De Gaulle... Le reste n'est que dilapidations, petites vertus et amitiés douteuses. En 2005 nos élus, "remerciés" aux présidentielles, avaient envoyé aux anglais quelques navires pour fêter dignement le 200ème anniversaire de Trafalgar mais il n'y avait que des Belges à Austerlitz pour celui d'une certaine victoire... Cette passion du naufrage tient du supplice de Tantale : le citoyen grimpe sa bosse d'égalité de liberté et de fraternité sur une pyramide d'anthropophages... Il n'y a qu'un pays au monde dont les 65 millions d'esprits forts hurlent à l'étranger les tares de leur domicile, truffent leurs journaux d'emprunts linguistiques ridicules, prennent leur vessie pour une lanterne... Vercingetorix fut trahi par des gaulois, le Grand Condé fricota avec l'Espagne, les maréchaux de Napoléon lâchèrent l'empire, des héros de 14-18 furent des collabos forcenés en 40-45... François Mitterrand pariait sur la fin de la nation .... Très vieille et très triste habitude du dénigrement de soi... 

12.15.2013

FUYAIT LE DIABLE ....




La Nature est enchevêtrée, obscène, indifférente aux consciences... Elle pousse, elle arrose, ravine, éclaire, pourrit, entasse sans calculs ni précautions ... Ce n'est pas la bienfaitrice que l'on croit. Nous avons été sa chose puis sa bête. Rien n'interdit de penser qu'elle prépare une diarrhée de basalte et de souffre dont elle a le secret, fasse sauter une mer de magma et couvre la Terre de vingt centimètres de cendres empoisonnées... Une caillasse de 100 km peut tomber sur nos anciens champs de bataille, volatiliser des millions de pissotières et souffler toutes les cloches et tous les tapis de prières... Une bactérie au look d'enfer peut contrarier nos amours, en finir avec des milliards de bouches roses et noircir tous les lampions de nos bals... Pour oublier les gouffres , nous avons inventé les spectacles. Nos chamans se sont servis de petites fumées pour aller dans les nuages. Des prophètes ont escaladé des montagnes pelées en quête de Terre Promise. Les estomacs et les ventres à remplir ont fini par accomplir des miracles. Des clairières sont apparues, des parcelles furent entourées de haies, des huttes sont devenues des maisons, des routes ont relié des villes et des hommes puissants bâtirent des forteresses entourées de fossés et d'avenues... Le ciel capturé dans les bassins, les arbres alignés comme des laquais, taillés en boule ou en pointe, les pierres travaillées en ronde bosse... Les pauvres et les bêtes chassés hors les murs, les faunes et les cortèges dyonisiaques tournaient autour des châteaux , Apollon cavalait sur son char et certaine noblesse embarquait pour Cythère tous les jours que Dieu fait... Des couples sous les frondaisons, des violons, des habits de soie et des poèmes... Ainsi naissent les paysages où la "Nature" s'engourdissait de marécages, d'épines, de ronces, où les loups chassaient le cerf, les renards parlaient aux corbeaux, les ermites fuyaient le Diable... 



PHOTOGRAPHIES ...





Nos yeux se déplacent tous les cinquantièmes de seconde, nous faisons dans notre tête des additions et des soustractions de ces arrêts sur image, les résultats se mêlent à des souvenirs tirés par les cheveux de notre mémoire... Ils nous changent l'humeur ou nous enfoncent dans nos trous, peu importe. Il arrive qu'avec un hasard de plus ou de moins plus un brin de conscience et trois secondes de réflexion, nous jetions un oeil sur ce que nous avons déclenché... Nous ne saurons jamais quelle fut la part des choses, de nous-mêmes, de nos aptitudes à tisser des liens entre notre ignorance et l'absolue indifférence de ce qui nous entoure... Avons-nous prouvé que nous sommes quelque part, que nous l'étions et que bientôt nous serons ailleurs?... Nous ne sommes pas plus près des êtres et des choses quand ils passent à travers des lentilles, nos "capteurs" font le décor de nos illusions et de nos suffisances, mais surtout laissent filer la présence du monde comme file l'eau de mer entre les doigts... Il nous reste un peu de l'écume des jours ... Tels sont les paysages en photographie, à refaire jour et nuit pour le lendemain, défraîchis de la veille, tout juste témoins d'un passage sans importance, mais nécessaires à l'investigation de quelque seconde plus ou moins fatale que sa précédente et sa suivante... Le Soleil s'est arrêté sur le chemin de Damas. 
 

PRECIPITATIONS ....






Si nous avions le talent parfait de la lumière et de l'ombre, nous aurions celui de l'absolue vanité des choses. Car nous saurions que des astres tombent des poussières impalpables qui se traînent sous les vents stellaires, forment des nuages dont le plus infime dépasse mille milliards de fois l'empire d'Alexandre... Nous saurions que tout s'échappe de nulle part et que les paradis sont des folies passagères, comme les nuées qui vont des mers aux montagnes, arrosent les escargots et redonnent l'oxygène aux poissons... Nous parlerions la langue des tortues qui se plaisent depuis deux cent millions d'années. Nous saurions qu'on n'explique pas le monde, qu'on l'épouse à la rigueur, bien heureux de trouver chaussure à son pied... Nous plaindrions les fondamentalistes des Nombres et de la Raison qui nous emmerdent depuis Socrate, nous éloignent des arbres et des bêtes, voient la nuit et rêvent le jour, nous maquillent en civilisés pour des banquets et des expéditions... Nous détesterions les prophètes hallucinogènes, renifleurs de paroles divines et autres ficelles à gêner la station debout puis couper les cheveux en quatre et les femmes en rondelles... Nous observerions l'application des cervelles à produire des déchets, des poisons, des excréments d'hydrocarbures et dix mille molécules servant à désodoriser les parties intimes, tuer les insectes, embellir les porcs et conserver les confitures.... Tous déchets qui vont à la rivière et à la mer, ainsi qu'hormones, et chimiothérapies pissées et chiées dans la porcelaine ... finissent dans les coquillages, les algues, les crustacés et les harengs puis se réinstallent dans les assiettes pour un deuxième tour dans les artères et les lobes du foie, s'attardent dans les cartilages puis les graisses au rythme de 5 ou 7 microgrammes quotidiens de colorants, métaux lourds, organochlorés etc... Pour la première fois dans son histoire la cervelle humaine tartine son pain aux 2000 additifs de sa merde chimique et technologique, se la mélange aux frites et viandes hachées, salades, oeufs, fromages et mayonnaises de ses désirs. Jamais serpent ne s'est mordu la queue avec tant de savoir faire, n'a roté avec autant d'ardeur au concert de ses amours et de ses digestions... Des milliards de singes nus, pesant le double du nécessaire, ayant excrété du pôle nord au pôle sud , vidé tant de poubelles, de citernes, de cuves, de containers, de valises, de wagons, de cales, de soutes et de gros intestins se lancent dans la grande aventure de l'auto-production et consommation de la mort via le boire, le manger, le souffle et l'empire du slip... Acharnés à croître, nuire, se précipiter sur leur planète, se grimper dessus, talonner des têtes et des enfants, écrabouiller les gêneurs , se ronger mutuellement les chairs, triompher à jamais de la finesse et du savoir..

LES RESTES ....





Tels sont les restes d'un monde foutu pour cause de défaillance économique, d'invasions monothéistes et de tremblements de terre. Nos images ne seront pas de marbre au jour lointain de nos remontées sous le soleil : nos morceaux de plastique, nos vieux papiers, nos vanités multipliées, nos médicaments sauvés des eaux, nos langueurs sur écran et traces numériques, nos vantardises, nos ciels bleus et nos cocotiers pour demi-cons, nous rendront à jamais ridicules... et inquiétants.
Nos classes moyennes, autant dire nos liquides-vaisselle , s'étant gavées de luxes minables et de retours d'âge, viennent se taper la cloche où les peuples sont anciens et mal payés... Fricoteuses de boutiques, posant de vieilles pattes sur de tristes occases, sables mouvants de l'esprit, caricatures de corps, ces armées chenues de la consommation se mettent des couches-culottes culturelles et gastronomiques, indifférentes aux morts anciennes, les doigts accrocheurs sur les buffets des cinq étoiles comme ceux des aveugles de Brueghel sur des épaules ... S'emplir le boyau de sursauts, rêver de prolongations sous les chasses d'eau... Gagner le pompon d'un tour supplémentaire ... La descendance des vaincus de 1940 ne vaut guère mieux que les romains d'Odoacre , après qu'il eût plié les oripeaux de l'Empire et fait porter la caisse à Byzance.... 


APOLLON ....




A Didyme on rendait des oracles au temple d'Apollon construit par Daphnis et Paionios, qui avaient auparavant réalisé l'une des sept merveilles du monde, l'Artémision d'Ephèse.... Ce monstre posait 120 colonnes de 20 mètres sur des bases de trois mètres de diamètre, non loin d'un puits sacré on faisait des sacrifices et le dieu prédisait l'avenir moyennant une taxe... Une voie de 19 kilomètres pavée de marbre le reliait au temple de la ville de Milet... En dépit des chrétiens, des turcs et des mongols cet édifice colossal qui avait été reconstruit par Alexandre le Grand , embelli sous Trajan et Hadrien, jamais vraiment terminé malgré des travaux attestés au IVème siècle après JC, restait entier en 1446 selon un voyageur. Il ne fut abattu qu'en 1493 par un nième tremblement de terre puis transformé en carrière... Le dieu se fit entendre pendant 1000 ans , puis tint sur ses bases 1000 ans encore.... Délaissé par les muses, envahi de touristes moins intéressants que les fourmis des nécropoles, il brille, étonne et déclame ... Ses lions, ses taureaux indifférents aux mouches.....



12.09.2013

QU'EST-CE QUE C'EST ?...(PEINTURE)






Vous me demandez ce qu'est la Peinture. Je devine que vous êtes cultivé, que vous connaissez l'Histoire de l'art ou ce qui s'appelle comme cela, que vous êtes gêné par l'inflation des actions culturelles et des publications. Je ne suis pas sûr de répondre à vos attentes, mais c'est une conversation et je vais éviter le piège d'une réponse trop savante.
Je n'en sais rien et c'est tant mieux. J'ai rencontré la Peinture chez un artiste de Lyon qui s'appelle Jacques Decerle. C'était en soixante six ou sept. Il avait sous le nez un petit tableau à fond gris et travaillait une combinaison de jaune-noir-violet-bleu. C'était une nature morte de citrons et d'aubergines. Il avait aussi des séries de grands tableaux en noir et blanc, avec des effets très calculés de matière sur des plans découpés, basculés ou dressés qui venaient tout droit des étalages de pommes de Cézanne. J'ai tout de suite senti qu'il y avait un mélange de calcul et d'affectivité, que l'un ne va pas sans l'autre, qu'un tableau distille de l'énergie, de l'intelligence, de la personne...Tout cela se passait dans un squatt de la rue Mercière. Je n'ai commencé à peindre que plus tard. J'allais de temps en temps au musée de Saint-Etienne (c'était l'époque de Claude Allemand) et à Lyon au palais Saint-Pierre. Je m'étais mis à la Photographie et je travaillais sur les chantiers archéologiques de la région Rhône-Alpes comme vacataire du C.N.R.S. C'est en Normandie que je suis passé à la peinture

Dans une "ville" qui ressemble à une chenille posée sur une corbeille de fleurs (Madame de Staël), contraint de vivre l'ordinaire d'une profession ordinaire, saturé de petites fêtes, je me suis fait de l'espace. La Peinture est un artifice. Je passais des heures à organiser dans des rectangles des rapports de force entre des boules, des flèches, des barres... Je les faisais en équilibre ou en mouvement, je dosais les poussées, les vitesses, les résistances... Je m'apercevais que certaines couleurs freinent, alourdissent et chauffent, que d'autres éloignent, glacent, éteignent etc...que des équivalences à la douleur, à l'humour, à la vitalité peuvent être placées dans un plan, que nos forces vives peuvent se frayer des sorties et turbiner dans ce plan. Cette gymnastique est une prise de conscience. Elle vaut cher, elle est irremplaçable car vous ne "passerez" pas de la littérature à la Peinture, d'une théorie de l'Art à l'oeuvre peint, d'un fait de société à un fait pictural. On ne "passe" pas aux terres vierges en cheminant dans les jardins publics, la Peinture n'est pas le bouquet de la mariée.

Je me suis enseigné à moi-même. J'ai lu les peintres, regardé les oeuvres, pratiqué les historiens d'art. Si j'avais eu peur du ridicule je me serais arrêté à la connaissance du patrimoine, j'aurais regardé en prose, endossé l'air du temps et collé des affiches. Je me suis fait mes outils, je m'y suis tenu et j'ai parlé ma langue chez moi. Je n'étais pas dans l'Art : j'agrandissais ma vie et mes sensations, je construisais mon histoire, j'étais confiant. J'ai eu la chance d'être renvoyé dans les cordes au bon moment : lors de ma première exposition j'avais commandé deux cents affiches et j'en avais distribué cinquante accompagnées d'invitations à cinquante "professeurs". Il n'en vint que deux au vernissage... Jude Stéfan et un jeune africain stagiaire dont j'ai oublié le nom... J'ai eu la chance irremplaçable de rencontrer de vrais peintres, de fréquenter assidûment la Galerie Cavalero en 78-80 où nous passions des heures le nez sur les tableaux.... A vingt ans j'avais répondu à une fille que j'aimais et qui m'avais demandé ce qui m'intéressait dans la vie :" La seule chose qui m'intéresse, c'est de voir et de comprendre avant de partir." J'étais un mal élevé...Je ne l'ai revue que 40 ans après...

Vous voyez qu'on ne peut pas tout dire. Si vous étudiez les techniques, les gestes, les ingrédients, épuisez les dictionnaires, visitez les musées, faites toutes les expositions, vous pouvez perdre la tête...  Vous n'avez pas besoin de modes d'emploi, campez devant le vide, tremblez et faites vous-même le nécessaire pour ne pas tomber. Dites vous ce que disait Socrate à qui voulait escamoter la vie " Connais-toi toi-même..." . Le meilleur de l'homme vibre quand il se fait des outils. Ceux des peintres vous jettent en enfer et vous installent au paradis à la vitesse de la lumière... Pourtant les tableaux sont aussi des marchandises... Pourtant il y a les grands, les petits et les mauvais ... etc... Rassurez-vous, la Peinture se présente ou s'absente quand on la fait mais cela n'arrive pas à tout le monde et cela ne se fait pas en sifflant. Ailleurs, c'est de l'Art comme disent les orateurs...: tout un chacun peut s'y frotter : Inscrivez-vous à la Sorbonne, faites des stages, présentez des thèses, apprenez à vivre dans la collectivité, surveillez vos fréquentations, lisez les bonnes revues, voyagez, visitez,écoutez...Vous saurez ce qu'il faut dire quelles que soient les circonstances et si vous avez encore trop peur d'être idiot, faites confiance aux commissaires priseurs ...


12.04.2013

INSOMNIE ...






Un jour, pas forcément de pleine lune, vous êtes pris d'insomnie et vous feuilletez quelques livres inusables en attendant de vous détendre. Vos pensées vont et viennent entre lectures et souvenirs. Aimer le temps n'est pas facile. Il y a tous les morts vivants qui nous suivent, ces disparus qui répètent la même chose avec le même air, ces gens que vous croisiez et que vous écoutiez parce qu'il fallait bien, parce que vous étiez là, parce qu'il n'y avait personne d'autre... Ceux qui vous ont donné un accent, qui vous ont appris à vous tenir comme ceci ou comme cela sans que vous vous en rendiez compte, qui vous ont donné une partie de votre relief.
Vous avez d'autres fantômes dans les livres. C'est ainsi que vous faisiez le tour du monde, que vous partiez pour d'autres galaxies à la rencontre de créatures bizarres. Vous avez été en Bactriane avec les Dix-Mille, vous vous êtes battu contre les Anglais au pays des maharadjahs et devant Québec, vous avez chassé l'ours de Bornéo et poursuivi la baleine blanche... Vous étiez à la croisade avec le roi Richard et dans la troupe des gardes écossais de Louis XI... Vous vous êtes sorti des guerres de l'Empire, vous avez aimé des romantiques et des aventurières, vous suiviez Paul Morand dans les rues de Bucarest et Pierre Vidal-Naquet dans les méandres du Linéaire B... Vous êtes incapable de dire de quel siècle vous êtes et vous n'avez pas de tendresse particulière pour celui-ci. 
Ce qui vous gêne de temps en temps c'est une certaine contrainte physique qui vous oblige à vous reconnaître mortel, en devenir d'épave et de sapin, bon à griller avec vos élucubrations, vos amours et vos dépits. Vérité lamentable qui vous condamne au cortège des illusions perdues, des mots sans importance et des regrets inutiles... 
Vous le saviez très tôt puisque depuis l'âge de raison vous aviez observé plusieurs fins d'empires, de nations et de gloires et qu'ayant observé trop de faillites vous alliez de l'une à l'autre sans sourciller, content de vivre pour vos plaisirs et à jamais guéri de l'effort collectif. Héritier d'infortunes et de dérives, démocrate au milieu des amibes, lettré pour rien et professeur de paradoxes vous n'avez pour vous maintenir, qu'une confiance animale dans vos cinq sens et pour rire que votre mémoire infaillible des mensonges. 
Car de toutes les impostures celle que vous n'avez jamais avalée fut celle du Paradis. Vacciné contre le Bien, peu guerrier mais irréductible, vous regardez passer les trains sous des arbres en fleurs.

TUYAU DE POÊLE ....







Que faire d'autre que la même chose? 

Je vous vois venir, vous allez m'expliquer que le dernier quart du siècle a fait découvrir le sexe, comme la dernière fournée de pédagogues nous a éduqué la cervelle , le nouveau ministre enseigné les bienfaits de l'impôt, les marchands de soupes le vrai goût du poireau pomme de terre.
La tournante saisit les générations qui se font une beauté, un peu de vertige en somme, nécessaire aux élans du coeur et du corps... On n'en finit donc pas de saler la Terre et de crier sur tous les toits que les ânes d'hier avaient les oreilles différentes. Les justes se lèvent ainsi tous les matins que Dieu fait et les ordures de la journée sont étrangères aux épluchures d'hier.
Nous sommes peut-être plus idiots que les anciens qui croyaient à l'entropie et à l'âge d'or. Avaient-ils l'intuition que le plus difficile fut de casser les cailloux en deux pour en faire sortir des étincelles et qu'ensuite le hasard fit assez bien les choses car il y avait de la place ... Mais ils se gardèrent de faire descendre le Paradis sur Terre, trouvant la vie fragile et l'orgueil périssable. Les devins et les sages avaient compris que l'Homme ne valait pas son pesant d'or et que plus il se multipliait plus il devenait lourd, de bronze et de fer...
Certes, les machines nous allègent, puisque nos paroles foncent à la vitesse de la lumière et que nous volons à treize mille mètres. Mais les morts que nous avons en dessous parlent de leurs mésaventures et donnent des conseils.
Nous avons compris qu'il était au fond sans importance d'être le bourreau ou la victime, que les chairs duraient à peine et que les nourritures de l'esprit sont invisibles dans les carcasses. Nous produisons assez de déodorants pour supporter la putréfaction de quelques continents et des neuf-dixièmes de toutes les viandes... Qu'importent les linges blancs, les regards purs et les reflets de l'aube s'il reste quatre milliards de tours à faire autour du Soleil, c'est une course d'endurance sans vainqueurs ni vaincus, sans dieux ni publics, où survivre ne peut être qu'insupportable, comme l'eût été la victoire totale du Führer sur les trisomiques, les poètes et les sous-hommes... Alors que faire? Je me conseille d'éviter les solutions de rechange, d'en rester à l'Enfance, à l'Amour et à la Mort, comme jadis Cézanne conseillait aux maladroits de peindre leur tuyau de poêle... sans s'occuper des saisons.
 
 

CONFIDENCES ...








J'ai de la chance. On voulait que j'aime mon prochain comme moi-même. J'ai profité des circonstances pour avaler tout le Latin nécessaire et pas mal de Grec... Telles furent mes premières armes. Je m'en trouvai si bien et je lus tant d'histoires que je devins étranger dans mon pays et tout juste cousin de mes frères ... Je n'ai pris pour maîtres que les moins défunts des morts car je m'étais aperçu que les vivants sont peu civilisés. Ils sont si sauvages qu'ils ne parlent que du Bien qu'il faut faire et du Mal qu'il faut punir. Rares, ceux qui voient l'Homme déshabillé, inconstant des deux côtés du nombril, poète et baiseur, juriste et bandit, tueur et compatissant. Les apôtres sont dans les livres, les hommes sur les champs de bataille, au bordel ou faisant à quatre pattes le tour du veau d'or. On dit trop de messes, on prononce exagérément le nom d'Allah, on brûle trop d'encens sur les cadavres pour que les anges soient plus nombreux que les démons.
Je devins expert en certificats de bonne conduite, bien décidé à survivre : dispenser des conseils aux autres et n'en faire qu'à mon bon plaisir. Lorsqu'on interroge la morale et la vérité en trois langues, elles donnent des migraines, il faut prendre le parti de sa solitude et chercher ailleurs des raisons d'être là. Les bonnes adresses sont dans les forêts, dans les cascades sous les frondaisons, à la belle étoile en Août et partout quand y abondent les appels et les traces de bêtes... Ce n'est pas que la Nature est belle, c'est qu'elle est prodigieusement indifférente à nos esprits noués... Qu'avec ou sans conscience nous lui sommes redevables de corps et que pendant des millions d'années nous n'avions que le corps pour juger du monde et passer outre...
Le Bonheur, ce vieil ami des ivrognes et des nourrissons, n'a rien à voir avec le juste prix de la vie. Les prêtres le promirent à tours de bras et d'indulgences, la main du Prophète, noueuse à souhait, l'offrit au tranchant de son sabre ... mais c'était dans l'au-delà et aux dépens du corps et des femmes... On ferait bien de s'aviser que sous prétexte d'égalité, les philosophes n'ont fait du bien qu'avec parcimonie et que les instituteurs firent au carré le lit des boucheries de Verdun et de la Somme... D'autres artisans du Bonheur, comme Henri Ford qui avait son portrait dans le bureau du Führer, firent du parti nazi un parti de masse... Ce n'est pas un hasard si tant d'esprits "lucides" après 1920 puisèrent des énergies neuves dans la Troisème Internationale et le paradis de Staline... On n'en finit plus d'approcher du Bonheur et d'être ensemble pour l'éternité... Ils appelaient cela la "fin de l'Histoire", comme d'autres avaient parlé de la "fin du monde" et comme beaucoup parlent aujourd'hui de la "mondialisation", nouvel Age d'Or... Si vous aviez trois sous de jugeote vous comprendriez que les hasards de l'évolution font la part trop belle aux cerveaux malades et aux pulsions de mort.
Dans les mondes recuits les corps sont notre dernière chance. Ainsi vécurent d'étranges créatures de femmes au siècle de Napoléon III et de la reine Victoria : Isabella Bird évadée d'un presbytère écossais, de la maladie et de l'ennui pour cavaler dans les rocheuses en compagnie de desperados... Alexine Tine, richissime hollandaise, refusant les hommes, cherchant en vain les sources du Nil, tuée par des touaregs avec ses domestiques et femmes de chambre aux confins de la Libye... L'extraordinaire Mary Seacole, métisse de la Jamaïque, épicière et infirmière bénévole de la guerre de Crimée, honorée jusqu'à sa mort par toute l'armée britannique.... Ida Pfeiffer, autrichienne et vierge puritaine, exploratrice infatigable de Borneo... May Sheldon, la Reine Blanche du Kilimandjaro.... sauvées par leur inflexible solidité de corps du bourbier de la vie reçue.

ON DIT ...






A trois kilomètres de Rome, le vingt-huit octobre 312, il y eut un prodige. Constantin le Grand vit une croix dans le ciel et fit peindre sur les boucliers de ses soldats l'insigne du Christ. Une voix lui avait soufflé qu'il vaincrait par ce signe. Son adversaire, Maxence commandait à quatre fois plus de soldats, mais à la suite d'une fausse manoeuvre de ses pontonniers il mourut noyé dans le Tibre. Tel fut après trois siècles le triomphe du Messie sur les Dieux de l'Empire...

Cette histoire peu vraisemblable montre surtout que la poire était mûre pour des bouleversements sans retour. Les signes du Ciel viennent au secours des audacieux ou des craintifs. Telle étoile précède les rois mages, tels corbeaux venus de la gauche présagent d'une sinistre affaire. Les empêcheurs de tourner en rond ont besoin des astres pour voir clair et les coiffeurs des horoscopes pour distraire le client... 

En ces temps étranges il m'arrive tous les jours de lever le nez pour en savoir davantage sur nos aventures. Je ne vois que des avions, pas de comètes ni de lueur extra-terrestre... J'attends les hirondelles en avril pour en tirer quelques renseignements sur l'Afrique et le Caucase, savoir s'il manque des mouches et si les climats sont réguliers. Si j'avais un appareil à mesurer les nuages je pourrais les compter,voir s'ils sont plus gros, plus gris et plus nombreux... On dit que le Soleil est nerveux depuis cent ans, qu'il laisse partir d'énormes rayonnements qui n'arrangent pas nos affaires... On dit que des mers se dilatent et qu'un jour il y aura des arbres à la place de la glace... On dit qu'il n'y aura plus que des gens intelligents sur Terre et que les moins doués vivront cent ans... On dit aussi que personne ne sera méchant, que les femmes seront douces et les hommes indulgents, que les enfants seront à tout le monde et qu'on aura tellement mélangé les couleurs et les tailles qu'on parlera la même langue et qu'il n'y aura qu'une variété humaine... On dit que personne ne manquera ni du nécessaire ni du superflu... On dit qu'il fera beau temps sur les bons et qu'il pleuvra sur les méchants... Que l'Amour sera dans les yeux, que les lions et les moucherons ne se battront plus et qu'aucun serpent ne sifflera sur aucune tête ... On dit qu'après le Déluge tout sera calme autour de l'Arche et qu'après avoir juré la paix, chacun partira de son côté le sourire aux lèvres et le coeur plein de ses bonnes intentions...
 
 

11.26.2013

COUP DE DES ....




Un jour vous vous retournez, vos souvenirs ne sont plus là.
Ce qui vous en reste ne vous permet pas grand chose . Vous vous dites qu'ils vous rejoindront, que vous ne devez pas vous alarmer. Votre vie a été longue, ils étaient nombreux. Ils vous suivaient partout, parfois vous réveillaient la nuit et vous empêchaient de dormir. Certains n'étaient que des intrus, vous ne saviez plus si vous les aviez rêvés ou vécus... Il vous fallait du temps et de la concentration pour vous rendre compte de la supercherie et la renvoyer au diable. D'autres vous faisaient la conversation avec insistance. Vos amours se sont ainsi perpétuées et bien des yeux ne vous ont pas quitté. Vous étiez tenté quelques fois de revenir en arrière et de marcher dans les pas de votre père sur la terre qu'il avait fraîchement retournée, de cueillir une prune verte et de regarder les trois herbes qu'il cueillait pour frotter les piqûres de guêpes... vous l'avez accompagné sur le porte-bagage de son vélo, vous aviez la tête en arrière où les amandiers filaient sous le ciel. Un hiver vous êtes passé près d'un baquet rempli de glace transparente, un printemps vous avez lancé un papier qui s'est envolé en tourbillonnant par dessus le toit... Vous aviez posé le nez sur le métal d'un réveil-matin et vous n'avez pas oublié son odeur d'huile, retrouvée sur des pompes à bicyclette, des carabines et des machines à coudre... 
Peu de gens vous adressaient la parole, mais un jour près de la lumière verte d'un poste de radio votre mère tricotait un chandail en disant qu'il était "bleu pétrole" ... plus tard vous avez su que c'était une sorte de turquoise... Ce soir-là elle vous a paru très gentille et très belle... 
Vos millions de mots et d'images remontaient dans vos journées comme les bulles dans une casserole d'eau qui frémit, sorties de partout et de nulle part, passant par là et reparties vers le fond... Vous n'étiez pas maître de la situation, vous ne saviez pas pourquoi ce visage ou cette fenêtre ou ce chien... Il faut bien que vous ayez appris quelque chose mais vous ne savez plus ce que vous appreniez, vous savez à peine si l'on vous aimait ou si vous avez aimé ... Votre vie s'est jouée, vous avez roulé sur la table comme les dés qu'une main aurait lancés, vous avez essayé de freiner ou d'accélérer, mais vous n'aviez choisi ni le jour, ni l'heure ni la lune ni le tapis... 


INSOUCIANCE ...



Aurore



L' étoile se lève, notre destin fait ses affaires. Sur les vieilles pendules, des horlogers inscrivaient en latin des propos du genre : "Le temps s'en va... Regarde un peu ces aiguilles qui passent et repassent à l'heure de ta mort..." Les sabliers s'en donnaient à coeur joie dans les tableaux de vanités, avec les chandelles consumées et les flambeaux éteints...
Vieilles rengaines de l'Ecclésiaste et musiques verbales de l'aliénation. Tel fut le jouir des malades de la vie, s'abandonnant aux consignes et aux ordres,  confiant la carcasse humaine aux folies d'Abraham,  qui dressa un autel pour y trancher la gorge de son fils... Douleurs et soumissions, prosternation des fronts, fesses en l'air sous les robes, interdiction des images... Tels sont les obsédés du Verbe et du Livre... Guère plus fraternels que les maniaques qui arrachaient le coeur battant de vierges droguées pour forcer le Soleil à faire un tour de plus...
On ne se remettra peut-être pas de l'orgueil des Grecs, mais ils s'enduisaient d'huile pour le sport après la géométrie. Du côté des pleurs, Ils nous ont laissé des tragédies où les héros sont des bolides de la fatalité, enragés cosmiques... Oedipe,  Achille... unis à la vie comme l'étincelle à la poudre... insouciants des prophètes et des révélations... insouciants du sexe des chèvres ... ou des pendeloques de l'au-delà.


Aurore

CENTENAIRES ....






Nous avons inventé des distractions. La plus commune est de regarder vivre les autres à la terrasse d'un café ou sur une plage. Nous éprouvons de grands plaisirs à voir remuer des jambes, respirer des thorax, sourire des lèvres, s'allonger des râbles, plonger des têtes sous l'eau, lancer des boules ou donner des coups de pied dans des ballons. Ceux qui  profitent du soleil pour accompagner des yeux les enfants et les oiseaux des jardins, savent aussi que la misère noire est celle des chambres d'hôpital et des prisons... 
Il y avait à voir au Paradis...  Dieu qui avait planté l'arbre de la connaissance fut cruel d'interdire aux deux cervelles qu'il avait bricolées d'y cueillir un fruit pour le goûter... A voir  leur descendance, on se doute vite que ces deux créatures n'avaient pas de quoi rendre jaloux le Tout-Puissant... constamment occupées à des copulations, saisissements de corps. et affaires de digestions... Ce fut mesquin de les chasser, de les rendre mortelles, de les contraindre aux sueurs et aux disputes, de faire de quelques douces conséquences profusion d'enfantements douloureux... Les bras et les mains qui servent aux caresses condamnées à la pelle et à la pioche, les peaux si douces aux callosités et aux rides, les deux ou trois étincelles de raison aux études interminables et aux livres épuisants pour les yeux... 
Mais la plus calamiteuse des calamités c'est le peu de mémoire de ces créatures qui se racontent n'importe quoi sur le Paradis et se persuadent qu'elles peuvent le ramener sur Terre, ayant  imaginé qu'il existe un Dieu pour les ivrognes et convaincues d'autres fariboles à propos d'or, de fesses et de frottements. Des illuminés, des singes savants et quelques loups déguisés en agneaux  ont  entrepris d'enseigner le Bonheur aux innocents, comme certains professeurs, l'Art aux étudiants de la Sorbonne.  Nous sommes désormais sept milliards d'illuminés, de singes savants , d'imbéciles et de loups déguisés en agneaux. Sept fois plus qu'il y a cent ans et douze fois plus qu'à l'époque de César Auguste. Les merveilles du Monde ne sont pas plus nombreuses, par contre les centenaires abondent.
Mais puisque notre tour de force est de croire que, stupides et dangereux plus longtemps, nous aurons de meilleures espérances de vie et de meilleures chances d'être heureux, restons près des portes ouvertes, à regarder voler les mouches et passer les filles...



11.22.2013

COIFFEURS ....




Les coiffeurs savent ce que nous avons derrière la tête. Ils proposent de saines lectures. Sans elles, personne ne connaîtrait les dessous d'une vie de star, les secrets de Mars et de Vénus... La destinée des individus obéissant aux mêmes lois que celle des empires, les astrologues ont beaucoup à faire. D'autres devins suffisent à peine à chasser les brouillards que nous avons devant nous. Des montagnes de jeux de cartes, des camions de boules de cristal, des valises de pendules, des milliers de tables tournantes apportent un peu de lumière quand les medium, voyants et marabouts se mêlent de nos affaires. Des poulets se prêtent aux sacrifices suprêmes, des gouttes de plomb fondu tracent des vérités dans l'eau froide et parfois nous ouvrons les yeux sur les marcs de café...
 
Le Soleil fut le meilleur de nos amis. Nous fûmes pressés de le suivre jusqu'au bout de la Terre.  Il nous prolonge. Dans les livres d'enfants, il ressemble à une pièce d'or et son éclat donne aux fleurs des couleurs enchanteresses. Dans les magazines, les tirages grimpent dès le mois d'avril. Dans l'Histoire les guerres éclatent lorsque les jours grandissent. Les femmes l'adorent ou le craignent parce qu'il les bronze ou les ride... Il y a des centaines de siècles que nous avons appris à faire du feu pour garder nos beaux jours et nos belles saisons. La lumière et la chaleur ont éloigné les fauves. Nous avons construit des machines qui se déplacent en brûlant de l'essence, nous permettent de voler dans la stratosphère, d'avoir les plages sous la main, de nous laver en sifflant, de  refroidir nos fromages, de transmettre nos messages et de nous montrer le vaste monde... Des satellites nous aident à retrouver nos belles-mères, nous avons des robots autour de Saturne. Des touristes fortunés se paient un  tour de planète à cent kilomètres d'altitude et nous dispersons les cendres de quelques défunts privilégiés à six mille kilomètres de la Terre... 

Les choses changent sous le Soleil... Notre destin se précise. L'Avenir n'est plus dans le mouvement des étoiles. Quelques incorrigibles le voient dans les yeux des femmes mais nous avons appris à craindre les lendemains qui chantent... C'est dans les ordinateurs qu'on les trouve, quand surgissent des modèles atmosphériques et que s'affichent les températures. Il est prouvé que nous serons plus au chaud sur la Terre et que nos carottes cuiront plus vite que dans les chaumières de Maupassant.
Notre paradis terrestre risque de nous brûler les doigts, mais nous ne pourrons pas le quitter pour suer ailleurs. 
Nous avons tout transgressé, nous n'avons plus de fraîcheur à transfuser dans nos veines, plus de monde à conquérir, plus de civilisations à digérer, plus de progrès à faire. Nos obèses n'éclateront pas, ils se multiplieront. Nous sommes au-delà du Bon et du Bien. Il nous reste deux générations pour nous sauver, crever nos vieilles certitudes, morales et passions... La Terre nous échappe et le Soleil ne nous aime plus. Coincés entre le marteau solaire et l'enclume des gaz dangereux, piteux au milieu de nos chimies, nous devons parier sur des révoltes inconnues, sauvages et rapides pour abattre la prison des amours et des conventions qui nous étouffent comme des sardines dans un filet, redescendre les températures, ramener la pluie dans les déserts, nous embarquer avec les bêtes dans le même bateau... Le déluge encore, mais cette fois pour noyer des sociétés trop nerveuses, en finir avec l'humanité sans grâce... 
 Le Destin n'a plus rien à voir avec les signes du Zodiaque. On dirait qu'il se contente des nuages, que nos chances empilées sur Terre ont l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette... Que nos déboires  ont la consistance des dioxydes de carbone, oxydes d'azote, méthanes, fluorures et vapeurs de nos pots d'échappement, réacteurs, centrales et troupeaux innombrables de hamburgers... Il est encore temps de se moquer du monde, sous peine de mort...



11.20.2013

BERLIN ...





Berlin est aux lisières de l'Europe quand la Russie penche vers l'Asie... On y sent une sorte de crampe, le trop sérieux des formes classiques et baroques, un mélange de raideur et d'épanouissement, des monuments un peu seuls sur des esplanades un peu larges... des jardins considérables où des poètes et des nymphes de bronze ont beaucoup à faire ... Freud savait que l'âme vient d'ancêtres qui nous poussent l'épée dans les reins où se produisent et reproduisent les gènes et les grammaires... Il m'arrive encore d'avoir froid dans le dos quand la mémoire ne me lâche pas et que des phrases me sonnent aux oreilles comme s'il y avait cent ans. Je ne me défais pas des choses vues et des personnes croisées. Mes mots sont d'emprunt, mes phrases naissent plus souvent de la brume que de mes poches et je tiens debout sur des racines que je n'ai jamais pu compter... Alors que dire d'une ville étrangère?... Sur ce qui suinte entre les pavés, met les rues en musique et colore le ciel ? Carthage fut rasée, couverte de sel, mais remontent encore les tombeaux et les squelettes des enfants voués à Baal... Les éléphants d'Afrique chargèrent du côté de Cinecittà... Berlin ne fredonne ni les airs ni les épigrammes du dix-huitième siècle, Voltaire et Casanova sont passés si vite... Venise et Paris étaient si loin... On dirait que les tambours plats , les fifres, les bruits de bottes, font toujours un tapis sur les trottoirs, mêlés aux frippes des spartakistes, aux tonnes de roses qu'un million de berlinoises amoureuses répandirent sous la voiture blindée du Führer... Qu'on est allé si loin dans l' obscénité, la démolition, le retour à la poussière que le soleil y prend une teinte noire, qu'on a fait des immensités pour d'énormes brocantes... 


 La Mort grouille sous les arbres et remue sous les cendres froides. Ailleurs, les voyageurs trouvent l'éternité à Rome, les bals du quatorze juillet à Paris, les arènes à Madrid... Ainsi vont quelques rendez-vous donnés aux quatre coins de l'Europe. Mais à Berlin, où furent distingués tant de philosophes, la rue donne à voir la cruauté des anges bleus et des casques noirs dès qu'on ferme les yeux... Une étrange élégance glisse en surface, des coupés Porsche conduits par des blondes ou des quinquagénaires, des mannequins rescapés d'un certain déluge... Helmut Newton s'y plaisait pour saisir les apparences de débauches méticuleuses. 

On dirait une baronne un peu saoule, laiteuse de peau et châtain clair, se refaisant une beauté près d'un lac sans rides, aussi peu gênée qu'une courtisane qui change de ministre ou d'homme d'affaires... L'ouest fut donc chargé d'abolir les mauvais rêves... d'enterrer le fameux concert de 1945 : Furtwängler dirigeant la neuvième devant les nazis foutus... L'est fut à l'agonie d'une morale impossible et d'une imposture d'état. A Berlin, grandie par le fer et par le feu (Bismarck), la science fut trop la ruine de l'âme, tant de Prix Nobel ayant opté pour la race supérieure... Aucun dictionnaire ne dira qu'elle est nouvelle Rome ou nouvelle Athènes... De son Zoo furent chassés des élans dont le profil semblait sémite à Joseph Goebbels... 
A présent les choses m'en disent plus long que les personnes, les ombres, comme il se doit, étant à peine visibles sur la face noire de l'Occident.