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12.11.2012

"PRESENCE DE LA MORT" .....

Depuis qu'ils savent casser des cailloux, les hommes cassent tout ce qu'ils peuvent: des branches pour faire des bâtons, du sucre sur le dos des autres, des molécules pour faire tourner les moteurs, des gènes pour donner aux salades le courage de flinguer des limaces... Quelques singes nous imitent et cassent des noix, ce qui prouve qu'ils sont intelligents et créés à l'image de Dieu. Si nous ne cassions pas nos pipes de temps à autre nous ne saurions de quel bois nous chauffer pour maîtriser le monde. Notre arme absolue c'est la Raison. Sans elle nous ne pourrions couper les cheveux en quatre, débattre sur le sexe des anges, exterminer les hannetons et faire des vaches à lait avec de l'eau potable... Jamais nous n'avons eu autant de philosophes que depuis les guerres mondiales, les holocaustes et les batailles planétaires. Nos économistes veillent sur l'embonpoint des nations, les sociologues portent la chandelle du bonheur, les moralistes collent des feuilles de vigne sur les bonnets rouges de la Liberté... Les tempêtes pédagogiques remuent de l'ignorance dans les verres d'eau. 
De fil en aiguille tout ce qui est réel devient rationnel... Nous sommes à l'abri des barbaries, sauvageries et cruautés grâce à notre prodigieuse compréhension de l'Homme et des choses. Notre avenir sera prévisible comme la Météo, ce n'est qu'une question d'ingénieurs et de machines. Il est probable que rien ne peut plus nous échapper, que nos dieux seront à notre image et que nous fabriquerons des raisons de croire comme nos ancêtres taillaient les pierres en faisant quelques étincelles... Nos chats peuvent dormir tranquilles et remuer des pattes en rêvant, ce n'est pas avant quelques centaines d'années qu'il fera chaud en janvier, que le Panthéon cachera des murènes ou que les bigorneaux prendront de l'altitude... Le cerveau n'aime pas les coups de chaleur, mais en 1922, Charles-Ferdinand Ramuz décrivit en beauté la métamorphose de la Planète Bleue en marmite du Diable...

 
Pattes de chat  pendant sa sieste


Dans "Présence de la Mort", un titre peu suspect de marketing, il pousse le bouchon de la canicule aux dernières extrémités, à mesure que dans les plaines explosent le thermomètre et l'amour du genre humain. La marée de toutes les déchéances grimpe avec les températures sur les pentes des montagnes et passe les sommets. La cuisson finale vaut largement celle des langoustes puis le monde débarrassé de ses maîtres, poursuit sa ronde, cloqué-grillé... Le réchauffement de la Terre n'est plus à craindre, il commence. L'extrême du comique serait qu'elle brûle à pierre-fendre, parce qu'un singe cassait des cailloux pour aller plus vite et plus loin sur la voie de la Raison.

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