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7.28.2014

UTILES PAYSAGES ...









Les paysages servent-ils encore? Ceux de Giorgione ou de Poussin mettaient de l'alchimie ou de l'ordre, faisaient la part des hommes où coururent les faunes, celle des bois où bramèrent les cerfs, celle de l'esprit où régnèrent les bêtes... L'oeil exercé de l'ancien monde distribua les routes, les carrefours, bâtit les granges et répartit les arbres... Les paysages se firent à la main, les forêts débardées par des attelages, les chemins creux et les fossés entaillés à la pioche, à la bêche... Nos morts nous ont fait le décor. Quelques exaltés s'empressent de s'y mettre, pulvérisent à tout va des joyaux de la chimie... se laissent guider par satellite... cavalcadent sur des pneus géants dans les vapeurs de gazole... Et bientôt les vents nous chanteront la douce complainte des banques, nous apporteront le chaud et le froid d'une étrange Terre Promise comme s'il pleuvait des bibles et des tables de multiplication sur nos pauvres salades... Car l'objectif est de rendre ce monde confortable et ses recoins utiles.
L'aventure n'est plus derrière les montagnes , mais sur les faces cachées de la Lune et de Mars, dans les bactéries-transistorisées, les antennes greffées sous la peau, la pesée quotidienne de l'oxygène donné et reçu... Regardons encore ce qui ressemble à ce que nous fûmes, comme penchés sur la nécropole des sueurs et des larmes perdues, nos photographies seront fort utiles aux parcs d'attraction et injections d'images fraîches dans le cortex des centenaires... Nous sommes aussi glacés que les lois que nous avons découvertes, nos jardins et nos désirs sont du marbre de nos idéologies pour débiles de bonne volonté... Nous sommes en foule et en concert du matin au soir, les forêts tropicales sont civilisées en rouleaux de papier cul par des chinois pour des enfants de Dieu... Quel jardin des délices! Nos derrières torchés aux essences rares de Bornéo! ... Laissons le Bonheur dans les Préambules, dans les poubelles qui débordent, qu'il pende sur les chapelets, aux barbes des hommes pieux, dans les slips et dans les chambres à gaz pour bananes de l'OMC... Ne promettons rien, payons-nous le luxe inouï de l'insignifiance et de la ligne d'horizon...

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