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10.01.2012

"L'étrange Livre des Poires"

est en ligne. 

http://www.michel-ducruet.fr/PAGES/poires-parler-de-poires.htm

Ce n'est pas la Sagesse qui tire les ficelles de la Vie, c'est le Destin. ( Cicéron )

Il existe une infinie variété de poires. On trouve des poires à couteau (ou de table), des poires à faire des poirés, des poires sauvages . Je connais 48 espèces de poires à dessert , on doit pour l'ensemble friser les sept ou huit-cents variétés. Ce n'est pas cela qui m'intéresse.
Les poires sont méconnues parce que notre gourmandise les a laissées tomber. Elles n'ont pas résisté à l'invasion des fruits exotiques débarqués par avion. Les ananas, les bananes, les oranges, les kiwis et tous les fruits faciles ont pris le dessus. Une clientèle massive pousse des charriots. Cette clientèle exige du frais,de l'hygiène et de la simplicité dans son alimentation. Il est urgent qu'elle mange vite pour travailler. Or les poires se moquent des gens pressés. Ce sont des aristocrates... Des générations de jardiniers dévoués, le sourire de quelques princes, ont avec doigté fait courir la sève des poiriers aux bons endroits pour que le soleil y dépose des parfums plus subtils que ceux de l'amour. Ces hommes, ces nobles étaient attentifs à la chair . Ils savaient comment se greffent les rameaux sur des troncs de trois ans. Ils taillaient les jeunes branches pour qu'elles profitent du soleil et du déplacement de la sève. Cette économie du bonheur consistait à aimer l'arbre avant d'aimer le fruit. Les très bonnes poires n'ont pas de goût au sens ordinaire, elles dégagent des arômes aussi particuliers que ceux des grands vins. Ils se suivent comme les vagues d'une mer intérieure, demeurent en bouche et envahissent la mémoire. On peut après vingt , se souvenir d'une poire. Les temps ont changé puisque avec la chimie tout parfum peut résider n'importe où..... Une truie peut sentir la caille. Dans ce contexte de régulation des appétits, les poires perdent le nord. Je suis allé dans le secret de certains vergers pour voir comment elles vivent leur nouvelle vie. Elles se métamorphosent. Elles nous copient. Bref, elles nous ressemblent... Mon père cultivait à l'ancienne quelques centaines de poiriers. Il m'éleva comme ses arbres , en silence ou en chantant, dirigeant la sève à coup de sécateur. Il faisait mal , mais je sus pourquoi après sa mort . Un colonel de la wehrmacht organisa devant les soixante survivants d'un bataillon de neuf-cents chasseurs , un défilé de parade et la présentation des armes :" Vous...Braves soldats Français!" Juin 1940 ... Mon père avait vingt-six ans. Je voudrais qu'on imagine quelques vies vies des poires de ce siècle...



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