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5.27.2013
PLOMBERIES BIOLOGIQUES .....
S'ils lèvent les yeux, s'ils recouvrent la vue quelques secondes avant de retourner au feu, d'avoir le foie rongé par des becs, les reclus et les torturés verront ce qu'ils ont détruit pour une place au soleil. Il y avait des eaux, de l'air et d'incessantes distributions de chairs. Au début n'étaient que les bêtes et les fleurs, à l'aise avec les chromosomes. Personne n'était gentil, nul n'était méchant. Il n'y avait pas de juges. Il n'y avait ni couronnes ni royaumes. Les vies allaient à leur terme au gré des circonstances et chacun multipliait ses cellules sans souci du lendemain, car il n'y avait jamais de lendemain, seulement d'autres jours. Au commencement, on se coupait en deux et chaque moitié remuait jusqu'à sa division et ainsi de suite...Le plus étonnant fut qu'un jour ces morceaux restèrent agglutinés au lieu de tenter de grandes aventures et que par des hasards tortueux on se construisit des organes , on se donna des appendices, des poils, des tubes, des entrées , des sorties... D'autres prirent des tiges après s'être échoués sur des plages, puis montèrent en graines que le vent et les eaux repiquaient plus loin. Ceux qui avaient des queues et des pattes, qui remuaient davantage dans l'oxygène, devinrent amphibies puis il y en eut qui grimpèrent aux arbres et jetèrent un oeil sur les fleurs. De fil en aiguille les minuscules et les géants se répartirent les nuits et les jours, ceux qui manquaient de place sur les branches se laissèrent pousser des ailes... Pour simplifier les hommes se sont raconté de pieux mensonges, disant que toute cette affaire n'avait pris que sept jours, qu'un vieillard à barbe blanche en était l'unique responsable. Ils lui donnèrent des noms à coucher dehors, du genre Iaweh, Allah, Dieu le Père etc....
Leurs pauvres cervelles sujettes à l'angoisse ne supportaient que des explications simplettes où on jouait au papa et à la maman... Ils se gardaient bien d'interroger les animaux et les plantes... Ils serraient les fesses en traversant les forêts et les marécages, avaient horreur des moustiques et ne pensaient qu'à deux choses : le cul de leurs femelles et leur creux à l'estomac. Comment voulez-vous que de pareils égoïstes soient utiles à qui que ce soit? Ils avaient failli disparaître mille fois sous des inondations et des éruptions de volcans, le tonnerre les faisait sursauter, les arcs-en ciel les rendaient fous , ils n'avaient pas de poils aux pattes et se faisaient piquer par les vipères quand ils marchaient dessus. C'étaient des proies faciles qui devaient s'accroupir au bord des points d'eau, qui ne couraient pas vite et se disputaient du matin au soir. Ils avaient des problèmes pour se reproduire. Les femelles avaient besoin de petits malins ou de gros bras pour se sentir en sécurité. Leurs ondulations et leurs grâces à l'âge nubile attiraient les mâles. Ceux-ci se battaient en permanence. Les vieux faisaient battre les jeunes entre eux pendant qu'ils se tapaient des filles ou des garçons tout juste pubères, les jeunes ruminaient des assassinats de barbes grises entre deux visions de gros seins, les femelles se jalousaient comme des teignes, les progénitures des uns et des autres se mordaient ou se poussaient dans les orties. Ces dérivés de primates cumulaient tous les défauts des autres espèces et pendant longtemps nulle chouette n'aurait parié sur leur compte.
Personne ne sait ce qui s'est passé. A force de casser des cailloux, de peler les poux, de s'étriper et de copuler sans cesse, ils devinrent habiles et méfiants. Ils accumulaient des images à profusion sous leur crâne et leurs cris ressemblaient à des paroles... Quelques naissances produisaient des individus moins vulnérables, plus intelligents et plus attentifs à leurs souvenirs. En quelques générations le nombre des imbéciles chuta aux trois quarts puis fut stabilisé. Les malins se gardèrent de les exterminer car ils avaient compris qu'ils avaient besoin d'eux pour les tâches pénibles. Ils avaient aussi remarqué que les femelles apprenaient trop vite ou trop bien et ils s'arrangèrent pour que restent suffisamment d'idiotes. Ils leur contèrent des fariboles en organisant des concours de beauté, en engrossant les naïves chaque fois qu'ils pouvaient, puis ils les autorisèrent à parler de conneries autant de fois qu'elles voulaient. On calma les vieillards en décrétant qu'ils étaient sages et on ne les écouta plus. On battit les enfants qui ne voulaient pas de leur soupe et on raconta des histoires d'ogres et de loups pour qu'ils se tiennent tranquilles. Des groupes de plus en plus nombreux réussirent à vivre ensemble et pour se donner de l'allure, ils se donnèrent des dieux. Des spécialistes s'occupaient des offrandes, inventaient des généalogies et des prières, faisaient pendre les sceptiques... Quand tout allait bien, on remerciait les dieux et on leur portait des viandes et du miel. Les malins s'aperçurent assez tôt que les spécialistes se remplissaient les poches et profitaient de ces viandes et de ce miel pour s'offrir du supplément de femelles et fabriquer profusion de futurs spécialistes qui apprenaient à lire, écrire et compter. Un jour il fallut se rendre à l'évidence , les dieux étaient roublards. Les hommes forts qui portaient des casques et des cuirasses, passèrent alors des épées dans quelques ventres de scribes et de prêtres et construisirent à côté des temples des palais pour cacher de l'or, des grains, des esclaves ou des harems. Ils laissaient les villes pousser autour d'eux, ils élevaient des remparts sous prétexte de les protéger. Il y eut autour de Babylone des lions et des éléphants. Les rois et les prêtres creusèrent des canaux pour maîtriser les fleuves. Sur des tablettes d'argile furent notées les entrées et les sorties de bétail, de céréales, de vin et d'huile ... Les quantités de serviteurs et de contribuables.
Mais le monde s'épuise quand il est immobile. C'est un mystère. Pour comprendre ce qu'il est, les prières sont inutiles... Il faut se faire tout petit et passer partout, se condamner à l'exacte mesure des choses, aller aux mathématiques, fuir la magie. Il faut connaître et mesurer les effets de la gravitation universelle pour prendre du poids dans sa tête... aller vers l'ouest pour trouver un continent, faire pousser des haricots pour tomber sur les lois de l'hérédité... Ce que nous tenons des grecs ne fut pas mis en conserves... Devant les cadavres , certains n'ont pas tourné la tête, les ont posés sur une table de dissection, les ont ouverts , démembrés et fouillés, les ont mués en "anatomies"... Des lentilles nous avons fait des télescopes, des gouttes d'eau des microscopes... Nous avons compris que les foules étaient vides et que des hommes seuls pouvaient déranger la mort... A quoi bon faire tourner les peuples autour d'une pierre noire tombée du ciel? Pourquoi rassembler des pèlerins autour des tombeaux, dresser des croix à tous les carrefours ? ... Consulter les oracles ?... Faire des billets de banque où l'on écrit sa confiance en Dieu ? ... Quel extra-terrestre aurait ordonné de battre les femmes, de piller les mers et dorer les coupoles ? De proclamer la déchéance des animaux et la gloire des cow-boys? ...
Il fallait aux enflures de ce monde des flatteries à distribuer aux minables. Les pauvres ont le menton qui tremble et la larme à l'oeil quand ils apprennent qu'ils sont enfants de Dieu, peuple élu ou autres bricoles... Que sur les nuages et dans des jardins extrêmes des séraphins androgynes, des vierges peu farouches et des boissons délectables les attendent pour l'éternité... Qu'ils seront récompensés d'avoir supporté pétasses et maquereaux, d'avoir engendré des perroquets... Mais de toutes les flatteries, la plus dégueulasse, celle qui remplit le mieux les oreilles, consiste à montrer les bêtes du doigt et à dire que tout crétin qui se respecte est bourré d'une âme immortelle, que chaque fois qu'il parle, il se propulse à des années-lumière de ce monde animal et prouve qu'il n'est pas un tuyau à faire de la merde.
Chambrés par de beaux parleurs et des penseurs maladifs, des millions de tuyaux furent persuadés qu'à une de leurs extrémités, celle de l'alimentation et de la cervelle, ils pouvaient acquérir de l'instruction et donner des ordres pour que tout fonctionne à merveille, que le Bonheur remplisse les coffres des banques et des chaumières, que les méchants demandent pardon des offenses, que des égaux se partagent la Terre, que les meilleurs soient récompensés qu'ils soient admirés par les vilains... Tant de bonnes volontés méritèrent le vingtième siècle : saccage des hommes, des ressources, des coeurs, des cultures et de tous êtres vivants... Triomphe des primates supérieurs, bientôt dix milliards de tuyaux au service d'eux-mêmes, allumeurs de mèches et poseurs de pétards pour que crève la vie terrestre, que plus jamais rien ne freine leur désir: un monde parfait et cuit.
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