A une vieille amie vous avez emprunté une voiture d'un certain âge pour prendre
l'air au bord de la mer.
Vous pensez à ce loulou de Poméranie qu'un certain
Bressolles de Gaillac déposait tous les ans sur les plages de Sète, immobile
et aveugle, ayant passé vingt et un hivers, ce qui est une prouesse olympique
pour un toutou à pépère. Il restait là toute la journée et pendant une semaine
on le portait et on le posait matin et soir. Vers le dixième jour plus
personne ne faisait attention à cette portion de peau de bête. Et soudain on le voyait flageôlant,
Bressolles de Gaillac déposait tous les ans sur les plages de Sète, immobile
et aveugle, ayant passé vingt et un hivers, ce qui est une prouesse olympique
pour un toutou à pépère. Il restait là toute la journée et pendant une semaine
on le portait et on le posait matin et soir. Vers le dixième jour plus
personne ne faisait attention à cette portion de peau de bête. Et soudain on le voyait flageôlant,
s'orienter comme une girouette le nez vers les vagues et fort inquiet de respirer.
Puis à peine plus rapide qu'un caméléon, très concentré sur son affaire, il approchait du ressac, se fixait
là cinq minutes puis , toujours comme une girouette, il faisait aller sa truffe
du côté des dunes et plaçait deux ou trois fois la patte gauche devant la
droite, jusqu'à ce que son pépère vienne le prendre dans ses bras et le
couche au travers d'un coussin en face une soucoupe de lait et de mie de pain.
Le lendemain il faisait dix mètres et huit jours après il se portait tout
seul jusqu'à l'écume de mer y trempait une courte langue et revenait sous
la tente pour goûter un peu de terrine et mordre de petits morceaux de jambon.
Il rendit ses maîtres philosophes, car l'usage qu'il faisait des embruns
et du soleil fut une leçon de sagesse: les corbillards, tout cendrés et
confortables qu'ils soient, n'emmènent pas voir la mer et mieux vaut
se porter sur de vieilles jambes que sur des poignées de bronze. De toutes
les bonnes fortunes , la meilleure consiste à mettre le nez au
vent du large.
là cinq minutes puis , toujours comme une girouette, il faisait aller sa truffe
du côté des dunes et plaçait deux ou trois fois la patte gauche devant la
droite, jusqu'à ce que son pépère vienne le prendre dans ses bras et le
couche au travers d'un coussin en face une soucoupe de lait et de mie de pain.
Le lendemain il faisait dix mètres et huit jours après il se portait tout
seul jusqu'à l'écume de mer y trempait une courte langue et revenait sous
la tente pour goûter un peu de terrine et mordre de petits morceaux de jambon.
Il rendit ses maîtres philosophes, car l'usage qu'il faisait des embruns
et du soleil fut une leçon de sagesse: les corbillards, tout cendrés et
confortables qu'ils soient, n'emmènent pas voir la mer et mieux vaut
se porter sur de vieilles jambes que sur des poignées de bronze. De toutes
les bonnes fortunes , la meilleure consiste à mettre le nez au
vent du large.
Les cadavres ne sont pas fréquentables. Il faut les vider de leurs
entrailles, les tremper dans le natron, les décerveler par les
narines et les lacer de kilomètres de bandes de lin pour que
l'air soit respirable. Au Fayoum on posait sur le visage leur
portrait d'avant la mort et on les rangeait debout, au mur des salles
à manger, pour qu'ils assistent aux banquets et aux danses. On le sait
parce que des archéologues subtils se sont aperçus que ces momies
avaient des moisissures aux pieds, signe du frottement des serpillères aux
heures de ménage. Vous posez vous aussi vos pères et mères sur les
cheminées, encadrés d'or ou de nacre, réincarnés en deux dimensions et
parfois en couleur. Mais les momies ne trompent personne. Au bout
de trois ou quatre générations, elles encombrent et on les fourre dans
des caveaux ou des tiroirs. Pas question de
les planter dans les squares ou de les accrocher aux murailles. Sur les
cheminées trop de poussière fait passer le chiffon...
Il y a de temps en temps des statues de pierre pour succéder aux hommes. " Parles, mais
parles donc !..." Michel-Ange en colère jetait ses outils sur le marbre.
Pygmalion eut de la chance mais personne n'a dit que sa créature fut
ravie de prendre chair et de périr comme telle, au lieu de braver les
intempéries pendant dix générations.
parles donc !..." Michel-Ange en colère jetait ses outils sur le marbre.
Pygmalion eut de la chance mais personne n'a dit que sa créature fut
ravie de prendre chair et de périr comme telle, au lieu de braver les
intempéries pendant dix générations.
L'Art nous déguise mais notre génie ne nous prolonge pas plus que nos tisanes.Sur les
chemins que nous avons pris nos empreintes font des zigzags. Nous
posons des pierres en passant les cols. La brume nous enveloppe et nous n'avons
qu'une chance de ne pas mourir idiots : entre les fêtes marcher en silence face au vent.
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