Le ciel n'est pas aussi bavard que les textes sacrés. Je me demande
pourquoi on lui fait dire tant de choses. Mes ancêtres craignaient
qu'il tombe sur leurs têtes. Régulièrement de petits prophètes et
quelques grands illuminés décrivent la fin du monde où des morceaux
d'étoiles et de comètes nous massacrent.
La mécanique céleste ne fait pas de bruit mais les prêtres disent qu'elle punit les ivrognes et les
fornicateurs, que nous ne faisons rien de bon depuis le Paradis Terrestre.
Un déluge n'a pas suffi pour noyer nos ordures et la génétique
ne nous a rien appris sur les bons et les méchants. Les anciens disaient
que dans les étoiles étaient les âmes des morts, qu'il y avait de
bonnes et de mauvaises étoiles, qu'il suffisait de les surveiller de
près pour en savoir long sur le lendemain. L'Argent, l'Amour et la
Santé dépendraient des étoiles et des positions de planètes. Cette
théorie parut fumeuse bien avant l'imprimerie, mais par précaution, de
grands démocrates comme François Mitterrand ou de vulgaires dictateurs
comme Staline et Hitler, se renseignèrent sur les
constellations et tâtèrent de la devineresse.
A Wall Street un certain Madoff tira les cartes aux
génies de la finance. Ce génie inspiré levait les yeux au
ciel, faisait la charité aux quatre coins du globe et plus
encore en Terre Sainte. Mais il suffit d'un grain de sable
dans l'oeil pour que les étoiles ne soient plus tout à fait où elles
devraient être et que la confusion prenne le dessus . Est-il vrai que
les nuages nous cachent des anges et des séraphins qui chantent? Il ne
manque pas d'enfants pour dire que des nuages ressemblent à des anges; j'ai aussi connu des bergères qui ont juré voir le loup dans un cumulo-nimbus. Il en est une qui entendit des voix en gardant ses
moutons , mais les Anglais la brûlèrent à Rouen et Gilles de Rais qui
l'aimait bien ne dit à personne que Saint-Michel fut son confident.
Lamartine, à l'ombre d'un vieux chêne,
s'asseyait tristement au coucher du Soleil. Il ne vit dans la plaine que le
fantôme de sa bien-aimée... Georges Adamski publia deux ou
trois best-sellers où il racontait que des Vénusiens posaient le pied
sur le sable du désert et acceptaient d'échanger quelques mots avant de
reprendre la route dans une soucoupe en forme de casque de pompier. Ce
grigou littéraire et génial raconteur d'histoires fit une petite fortune dans les années cinquante,
comme d'autres qui écrivaient sur les mystères des pyramides, les apparitions de
Satan, ou photographiaient le visage du Christ dans un verre de
vinaigrette....Heureuse époque, pas si éloignée des apparitions
de nymphes et des voyages d'Ulysse...
Les vieilles lunes ne reviendront pas. Le ciel n'est pas encombré d'âmes et de divinités.
Des bouts de ferrailles s'y croisent sur 800 km d'épaisseur, des
espions bien de chez nous braquent leurs télescopes sur nos habitudes.
Ils mesurent tout ce qui est mesurable, disent comment nous faisons
notre lit et mesurent notre puanteur. Certains nous braquent des
pistolets sur les tempes, d'autres nous arrosent de musique, d'autres
noient l'atmosphère de paroles incolores et sorcières... On ne sait plus qui fait
quoi dans les paraboles. Le ciel est à tout le monde, comme le droit de propriété... Les anges
du Paradis et de l'Enfer s'y croisent le jour et la nuit. Dieu n'y
reconnaît pas les siens. Allah, Iaweh, la Sainte Trinité jacassent en
même temps... Quelques riches américains s'y promènent en cendres... Je
l'avais connu silencieux et avare entre deux orages, juste habité d'images, propriété de
personne et miroir des âmes.. Dérangé par des étoiles filantes et quelques avions à hélices,
couché en août à la belle étoile, j'attendais des heures qu'il fasse un signe. Je lui parlais à voix basse. Un jour il fit du feu dans les yeux d'une chrétienne de la Place Saint-Jean .....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
:-))