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12.15.2013

FUYAIT LE DIABLE ....




La Nature est enchevêtrée, obscène, indifférente aux consciences... Elle pousse, elle arrose, ravine, éclaire, pourrit, entasse sans calculs ni précautions ... Ce n'est pas la bienfaitrice que l'on croit. Nous avons été sa chose puis sa bête. Rien n'interdit de penser qu'elle prépare une diarrhée de basalte et de souffre dont elle a le secret, fasse sauter une mer de magma et couvre la Terre de vingt centimètres de cendres empoisonnées... Une caillasse de 100 km peut tomber sur nos anciens champs de bataille, volatiliser des millions de pissotières et souffler toutes les cloches et tous les tapis de prières... Une bactérie au look d'enfer peut contrarier nos amours, en finir avec des milliards de bouches roses et noircir tous les lampions de nos bals... Pour oublier les gouffres , nous avons inventé les spectacles. Nos chamans se sont servis de petites fumées pour aller dans les nuages. Des prophètes ont escaladé des montagnes pelées en quête de Terre Promise. Les estomacs et les ventres à remplir ont fini par accomplir des miracles. Des clairières sont apparues, des parcelles furent entourées de haies, des huttes sont devenues des maisons, des routes ont relié des villes et des hommes puissants bâtirent des forteresses entourées de fossés et d'avenues... Le ciel capturé dans les bassins, les arbres alignés comme des laquais, taillés en boule ou en pointe, les pierres travaillées en ronde bosse... Les pauvres et les bêtes chassés hors les murs, les faunes et les cortèges dyonisiaques tournaient autour des châteaux , Apollon cavalait sur son char et certaine noblesse embarquait pour Cythère tous les jours que Dieu fait... Des couples sous les frondaisons, des violons, des habits de soie et des poèmes... Ainsi naissent les paysages où la "Nature" s'engourdissait de marécages, d'épines, de ronces, où les loups chassaient le cerf, les renards parlaient aux corbeaux, les ermites fuyaient le Diable... 



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