A Venise et partout sur la Terre on dit que l'eau froide vire au tiède
et qu'il y aura des problèmes pour les zèbres dans les savanes.
On dit qu'il y a tant de vaches qui pètent et de gros lards qui
débordent que l'atmosphère a mauvaise haleine, si mauvaise
que, de mémoire de phoque, on n'a jamais vu tant de harengs saurs
dans les villes-lumières ni tant de glaçons fuir les pastis...
On dit que nos vieilles habitudes vont en prendre un coup. Depuis quatre
ou cinq cents ans nous chantons :" Pile, je gagne et Face, tu
perds."
Nous sommes égosillés et plus grand chose ne
sort de nos gosiers civilisés...
Nous
terminons une gigantesque partie de Monopoly commencée entre amateurs
d'oignons dans les rues d'Athènes, patrie des philosophes et de la raison.
Après une interminable séance de distribution de monnaie, coupée de meurtres,
d'incendies, de faits héroïques ou lamentables, quelques obstinés de l'estime
de soi, plus obstinés que des frelons, firent le tour du monde à la voile
et posèrent les pieds sur toutes les plages de la création. Il fallait
des hommes de sac et de corde pour chercher fortune en mer sur des rafiots
puants, pourris et inconfortables... Quand ces individus débarquaient
avec leur vermine, scorbut et fringale de fesses fraîches, ils se taillaient
des paradis terrestres à l'épée, cherchant des poules aux oeufs d'or dans
les boyaux de leurs hôtes, copulant partout et donnant des malchanceux
à bouffer aux chiens...
La Raison et l'Amour du Prochain font triste ménage
avec le droit du glaive ... Pirates, corsaires, négriers, conquistadors,
pélerins, soldats, explorateurs, se jetèrent dans la déferlante du "Progrès".
Tant qu'il n'y eut que des voiles pour aller vite et des mousquets pour
faire des cartons, les ravages de nos gros bras et de nos têtes farcies
ne furent guère plus inquiétants que le lot habituel de saloperies qui
accompagnent les "avancées" de l'Humanité... Car les plus féroces bousilleurs
de chair humaine furent des microbes : le rhume, la rougeole, la variole,
la peste, la chaude-pisse et la grande vérole des luxurieux.... D'est
en ouest et retour vont les microbes, quelquefois du nord au sud. On a
oublié que la première guerre mondiale fut d'abord celle des bactéries et
des virus, redoutable mêlée d'inconscients minuscules, hyperactifs et
100% honnêtes... La dignité des hommes méritait mieux : sur les côtes
d'Afrique, les marchands arabes firent de l'esclavage pendant douze siècles,
histoire que le thé soit servi à l'heure et que des nuées d'objets sexuels
se convertissent à l'enseignement du Prophète. De l'autre côté des déserts,
des brousses et des forêts, l'Europe charria chrétiennement quatre siècles
de "Bois d'ébène" vers les Amériques... vidangea le nouveau monde sur
l'ancien, pour le bonheur des marchands de sucre, des armateurs et des
arts... Puis
un plombier écossais, méditant sur les joints, les cylindres et les pistons
fit d'une marmite une machine à vapeur. D'autres enfants du Seigneur méditèrent
ensuite sur les canons chargés par la culasse, les carabines à répétition,
les mitrailleuses, les télégraphes, les écoles, les pauvres travailleurs
et les riches roturiers, toutes sortes de locomotives, navires à roues
et à hélices, mines de charbon, de fer etc... Tous progrès fantastiques
qui mirent la Terre dans le sac d'une poignée de propriétaires...
La
partie semblait interminable vers 1900 car les joueurs perdaient insuffisamment
et ne gagnaient plus assez. L'ennui, l'envie de vacances , une sorte d'anesthésie
de la crainte, la béatitude des victoires faciles, un retrait des
cervelles firent en fin de compte la joie des pantalons rouges et casques
à pointe... Une sale blague d'étudiant serbe, les calculs
idiots d'une bande de comptables enivrèrent des marchands de ferrailles,
puis un caporal à moustache étroite construisit des abattoirs
géants et quelques savants issus du peuple firent
des bombes d'exception dans un désert d'Amérique....
Les
choses en étaient là lorsque je suis né. Il y avait
environ 2 000 000 000 de têtes plus ou moins pensantes pour survivre
aux caporaux à moustache étroite et aux savants de Los Alamos.
On venait d'occire quelques 2,5 % de l'humanité, une bagatelle en
termes de croissance ou de chômage... Soulagés par cette trempette sous une douche froide, les bons apôtres de l'après-guerre
nous ont lancé dans un nouveau combat contre les forces du mal
: l'air pur, l'eau propre, les forêts, les paysans...
La Nature, ennemie
jurée des bouffeurs de Bibles, pourfendeurs de péchés
et de paresses, prise à la gorge comme une bête féroce,
serrée à mort par les extracteurs de profits, chasseurs d'or
et baiseurs de peuples, moquée, trahie, vendue, piétinée,
salie, pourrie, amputée, maquillée, sodomisée à
qui mieux mieux, la nature se venge sans un cri, monte les thermostats,
s'enfièvre, coûte de plus en plus cher et ne cède plus
rien aux prières. Dans des caves dorées risquent de s'éveiller
des cruautés, de subtils cauchemars, des projets fantastiques de
flagellation... Y aurait-il déjà quelques flacons de la dernière
extase, quelques grammes de virus obéissants, de bactéries
dévouées sous les bouchons de champagne de la fête des
salauds?... Imaginons la Genèse ... La fin accidentelle de 7 milliards
de "coupables", vite méthanisés, lyophilisés,
injectés sous les plantes, pulvérisés sur les poissons....
La survivance miraculeuse de quelques millions d'associés pour le
pire, jurant, mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus ... Les nazis devenus des hommes dans les assurances, la restauration, l'enseignement,
la police, la chirurgie et j'en passe....
Les archanges de l'effet
de serre, après partage des dépouilles, réorganisation démographique et zoologique, publieront des B.D.
sur la puanteur des temps préhistoriques et la force des
vents dans les voiles...
|
|||||
Rechercher dans ce blog
12.21.2013
MONOPOLY .....
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
:-))