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8.13.2013

JARDINS ...



Les jardins durent un peu plus longtemps que les jardiniers. On se promène à Versailles, les nymphéas de Monet planent encore sur les étangs de Giverny. Il n'y a pas de village sans jardin, ni de grand homme loin des squares. Qu'est-ce que cela veut dire?
A Babylone ils étaient suspendus, furent des merveilles. L'Homme naquit dans un jardin aux allures de Paradis, il s'y réveilla près de la première femme. Ils goûtèrent aux fruits amers de la connaissance puisqu'ils avaient choisi de quitter l'enfance... Ils furent chassés comme des malpropres par un Dieu névrosé. Il y eut d'autres jardins extraordinaires comme celui de la Dame à la licorne ou ceux des Très riches Heures du duc Jean de Berry... Les Humanistes déclinèrent du grec et du latin dans l'hortus quadratus des grandes cervelles de la Renaissance. Se multiplièrent les labyrinthes proches des châteaux, propices aux baisés volés. On y vécut ce que vivent les roses, on y donnait de l'épée, on y disait des vers et soulageait les ventres après de longs banquets... La Nature fut amicale, peuplée de nymphes et de cortèges aux embarquements pour Cythère, complice des divinités et des hommes. Les jardins d'aujourd'hui nous ressemblent, plus doués pour le spectacle que pour la méditation. On y convoque les signes de notre compréhension des choses, on s'y donne rendez-vous pour dire son amour de la planète et de la société... On les peuple parfois d'objets révolus comme si les mondes passés rassuraient davantage... Nos cruautés restent à la porte et n'entrent que nos meilleures parts plus un peu de drogue, de sexe et de nostalgie... Il n'est pas dit que nous sommes humbles dans les jardins, moins fous, plus charitables ou plus heureux, mais nous les aimons parce que lieux de repos, dévoués aux corps, modèles réduits d'un agencement désirable du monde...
Tel qu'il devrait-être...



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