huile sur toile marouflée sur bois, 102x73 cm. Juillet 2013.
L'enfance est l'âge d'or de l'humanité. La faire durer n'est pas une sinécure, et la Peinture prend quelque fois l'air d'y toucher pour chausser certaines bottes de sept lieues, car on ne fait pas de l'espace sans pratiquer la ruse. C'est ainsi qu'on trouve dans des compotiers des systèmes solaires où les oranges et les pommes font plus de chemin que nos planètes, sur des tables trois asperges aussi vastes que des montagnes enneigées, dans un bocal des poissons rouges de toutes les fièvres, sur un carrelage délavé des pantins plus forts que les chevaliers de la Table ronde...
La magie des peintures ne fait ni sentiment ni morale, il ne s'agit pas d'images, ces cache-misères de la vision, mais d'assemblages et de saute-moutons où les couleurs sont des aires pénétrables, les lignes des occasions de faire aller les yeux, les correspondances proches et lointaines des astuces pour rapprocher ou repousser le corps à corps entre un tableau et son visiteur. Les formes se servent les unes des autres pour se faire des signes de reconnaissance ou se confondre. Leurs vies se soustraient, se conjuguent, s'empruntent, s'unissent, se battent, se poussent... Mais rien ne s'arrête sur les bords, et la poigne qui tient l'ensemble obéit à une cervelle qui a aussi la tête ailleurs, sur les chemins d'anciens pélerinages où sur des sentiers qui ne mènent nulle part. C'est pourquoi les tableaux débordent, se prolongent, s'accrochent aux souvenirs, aux nuages, aux replis des paysages, aux désirs, aux mots... Quelques fois dans l'un ou l'autre recommencent indéfiniment la naissance et l'agonie du jour...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
:-))