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8.10.2013

REPOS EN AOUT ...










Des créatures sous le soleil prennent des formes, jouent de l'ombre et de la lumière, se donnent des volumes surprenants, accumulent les courbes et leurs contrepoints, ondulent au vent, s'ouvrent sous le ciel, laissent voir et frémir le plus intime de leur chair... Leurs apparences fort singulières se doublent de parfums qui attirent l'attention. Cet exhibitionnisme a quelque chose de sacré quand il joue avec le nombre d'or, divine proportion si différente de nos symétries faciles. On dirait que ces créatures sont à l'apogée de leur existence, que le temps s'arrête et que l'espace vibre autour d'elles d'une musique qui les traverse et les copie. On sent qu'il faut s'en approcher, que nous sommes invités à une visite, que notre curiosité sera récompensée, qu'on nous réserve les meilleures places... Nos ancêtres y furent attentifs bien avant de savoir compter ou faire des phrases. Les néandertaliens aimaient les fleurs et les disposaient sur les morts. Cette complicité de la nature et des hommes est universelle depuis que nous avons le goût des métaphores. On se parfume et on s'habille... De miracle en miracle un singe devint Apollon et sa compagne se tint sur les eaux comme Vénus sur la vague de sa naissance. On essaie d'imaginer l'interminable succession des regards depuis l'Australopithèque jusqu'à  la Haute-Couture... On ne peut y voir que force mythologies, car la Nature nous est devenue lointaine. Nous sommes encombrés de vieilles lunes et voyons dans les lilas et les roses d'autres nous-mêmes, fort satisfaits de nos apparences et persuadés qu'une mère attentive veille sur nos plaisirs. Lucrèce et Virgile l'ont chantée à leur manière , Hippocrate la saluait bien bas et Rousseau qui n'y connaissait pas grand chose, versait des larmes rien que d'y penser.
La Beauté est là où se débrouille la vie avec adresse, visible dans les formes et les contours, saisissable comme une mélodie, passe les murailles et affole les jours ordinaires.
Nous sommes ainsi consolés de notre brièveté et de notre inachèvement.




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