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6.05.2013

LES LIEVRES ET LES TORTUES ....







Dans le bestiaire de nos futilités les lièvres ne sont pas moins intéressants que les tortues.
Ne nous plaignons pas, nous aurions dû mille fois disparaître à cause de nos précipitations ou de nos lenteurs.
Pour se venger des puissants les modestes disent que le hasard fait bien les choses. Il se pourrait que le Hasard soit Dieu et la Raison fille du Diable. Parce qu'enfin chaque fois que nous avons été plus loin dans nos voyages et dans la réussite de nos travaux, c'est en sachant lire, écrire et compter. Les ingénieurs de Rome et d'Alexandrie furent aussi malins que les comptables de Louis XIV et les fondeurs de canons des Habsbourg... Ceux là n'étaient pas moins rusés que l'invention des moteurs à pétrole et des jeux video... L'intelligence des hommes n'est plus à prouver, mais le monde n'est guère plus habitable qu'au temps où les bêtes parlaient... Nous sommes dix milliards et nous vivons trois fois plus longtemps... Nos poèmes sont-ils plus beaux ?... Les nuages qui passent sur nos têtes suivent de mauvais vents, nous arrosent de tristes nouvelles à propos des mers, des fleuves, des forêts et des montagnes... Nous sommes devenus la lèpre de la Vie. Nous avançons masqués pour cacher notre contagion, oublier un peu que nous sommes perdus d'orgueil et puants de suffisance... Toujours plus à l'aise dans nos odeurs et nos organes, inquiets de nos épidermes et tourmentés de copulation, déshabitués du partage, de la gratitude, de l'empathie pure et simple, nous tuons l'air, les sols, les végétaux et les espèces ... Nous ne méritons guère de vivre depuis longtemps, mais nous n'avons pas le courage de nous planter nos poignards dans nos gorges et de nous taire.
Nous attendrons jusqu'au bout que le Hasard nous aide à mourir puis comme Néron, l'assassin de sa mère, nous dirons avant le râle "Quel Artiste périt !..."

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