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6.26.2013

POULET....





Les sciences et les techniques nous changent plus vite que l'amour du prochain... Personne ne sait si nous sommes devenus ridicules ou fantastiques, les témoins sont morts. 
Il se passe beaucoup de choses depuis la machine à vapeur et nos trouvailles sont stupéfiantes... Le nombre des cervelles s'est multiplié par dix, nous vivons deux fois plus longtemps et nous sommes tellement riches que nous dépensons des fortunes pour maigrir... Entre le canon Krupp et le voyage autour de Saturne nous avons de la peine à comprendre pourquoi nous sommes si forts... On parle de ressusciter les mammouths, d'apprendre l'anglais aux chimpanzés, de dresser les moustiques à sonner l'alarme... 
Ce coq, par exemple, chantait " Plaisir d'amour ne dure qu'un moment..." chaque fois qu'il passait devant un micro ou quelque chose de ressemblant... C'était un drôle d'animal : il s'arrangeait pour ne plus avoir les pieds sur terre,  s'occupait surtout de ses apparences, mangeait sucré, buvait des sodas, ne lisait pas, ne s'intéressait à personne et dénigrait la basse-cour sous prétexte que les canards, les dindes et les oies ne savaient pas chanter... Il perdait toute sa dignité en se jetant sur sa pâtée et se battait avec les autres pour chaparder leur gamelle . Il ne supportait pas les poules à plumes noires et se moquait cruellement des histoires que les lapines, les souris ou les hirondelles racontaient à leurs petits. Il disait que les graines sont faites pour être mangées, que les fleurs servent à faire des graines, les arbres à donner de l'ombre, le vent à remuer son panache et le soleil à lui rougir la crête...
De toutes ses manies, la plus étonnante consistait à se gaver de champignons et de mousses hallucinogènes. Il prenait des cuites régulières sous prétexte que le monde manquait de vastitude. Un jour, il terrorisa les lapins en hurlant qu'on devrait les exterminer parce qu'ils étaient incapables de pondre un oeuf. Une fois, au coucher du soleil, il grimpa sur un piquet le dos à la lumière, écarta les ailes et hurla qu'il était l'Occident... Ce fou avait ses entrées chez les hommes à l'heure de l'apéritif, histoire de ramasser des morceaux de chips et d'écouter ce qu'ils se disaient. Ces dieux le faisaient chanter et le faisaient boire, il repartait en fin de soirée en se croisant les pattes, tentait de marcher droit jusqu'à l'escabeau qui servait de perchoir les jours de fiesta. Il s'endormait en grommelant des morceaux de phrases... 
En mars de l'année dernière une renarde lui fit son affaire au petit matin :  il n'était pas monté plus haut que la première marche et dans un demi sommeil baragouinait avec le hoquet " La terre n'est qu'un support..."

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