La
Jeunesse ne rend pas moins aveugle que le grand âge. Entre les brumes
de mars et celles de novembre on ne voit pas mieux le printemps que l'automne. Dans
le brouillard l'horizon est tellement flou qu'on va d'un seul coup du bout
de son nez aux autres galaxies. Les poètes et les philosophes s'en
réjouissent, qui ne sont bien qu'avec le vertige sur des chemins qui
ne mènent nulle part. Les petits enfants sont-ils optimistes
quand ils ouvrent de grands yeux? Quand ils se cognent au pied d'une table, apprenant
à marcher, ils ne savent pas s'il s'agit d'un accident ou d'une chatouille.
Alors ils choisissent de rire ou de pleurer devant ce premier signe du destin.
Nous qui voyons à peine le temps qu'il va faire, qui passons tous les jours
l'heure exacte de notre mort, qui perdons nos amis et nos amours
sans le vouloir, qui passons forcément des cadavres aux statues, peintures et photographies,
nous qui cherchons des raisons d'aimer les mots et les gestes, aurons-nous le courage de plonger
dans la brume et de vivre stupéfaits?
Car l'optimiste
n'est ravi de rien, connaît toutes les stations du chemin de croix. Il
sait que dans les nuages blancs, des avions ont explosé sur des pentes
blanches, furent couverts par les avalanches... Ainsi des valises diplomatiques
et des vertèbres vont avec les glaciers jusqu'aux moraines frontales.
Mais puisqu'il
faut voler, naviguer, passer de siècle en siècle d'un ventre à un autre
et ramener de ces aventures quelques mots de plus, quelques images et
quelques signes pour savoir que l'on ne sait pas grand chose, il choisit
de rire quand l'homme se cogne et de le siffler quand il gémit
sur son sort.
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6.05.2013
OPTIMISME ....
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