Le
Soleil est indifférent, ne s'occupe de personne et ne préfère rien.
Les
étoiles proches ou lointaines font bouillir leur marmite sans se soucier
de vapeurs ni d' éclaboussures. Des singes doués pour la marche, l'art du
bâton et du lancer de caillou, finirent un jour par se trouver une âme en
contemplant leur visage dans les flaques d'eau. Ces expatriés des savanes
avaient aussi de bonnes langues et le gosier ventilé. Ils comprirent qu'en
se servant de leurs oreilles ils pouvaient siffler des sons utiles aux chasseurs
ou agréables aux filles. Leur goût pour le jeu de cache-cache, les caresses
et les cris d'amour fut largement responsable de leur prolifération sur
Terre, de la construction des villages des palais et des temples.
Il n'est pas facile de vivre en bandes et de se protéger des coups durs.
Il n'est pas facile de vivre en bandes et de se protéger des coups durs.
Ces primates supérieurs étaient assez intelligents pour imaginer que d'autres
singes vivaient derrière les montagnes ou sur la berge opposée des fleuves.
Quelques mâles et femelles travaillés par l'angoisse firent des rêves
incompréhensibles ou des cauchemars effrayants. Certains volaient comme
des hirondelles pendant leur sommeil, allaient jusqu'aux nuages et se prenaient
d'une sensation de légèreté et de vitesse. Cette extase du mouvement les
préparait à d'autres extases, comme de voir des ennemis redoutables
se tordre dans leurs boyaux dévidés... Mais de toutes les extases, la plus
universelle se cachait dans l'infini des rapports de sexe avec le
harem des chefs ou la troupe des chasseurs... Les vulves et les verges
de ces bêtes devinrent ainsi de plus en plus fréquentées et une
malice de la sélection naturelle les pourvut de disproportions quels que soient les mois et les jours. Ces animaux finirent par avoir des visions en dehors du sommeil.
Des cumulo-nimbus avaient de temps en temps des profils d'athlètes ou les
contours arrondis de femelles expérimentées. Les amours de pleine Lune , les étoiles
filantes, l'aube et le crépuscule faisaient regarder le ciel et une nuit pas comme les autres, un de ces singes vit le reflet
de la voie lactée dans les yeux de ses compagnes. Il rassembla tout ce qu'il
pouvait de syllabes, montra les étoiles du doigt, fit un geste vers son
entourage qui semblait dire qu'entre le ciel et la tribu il y avait des
complicités. Ses descendants construisirent des tours pour voir les astres
de plus près.
Chaque fois qu'ils en redescendaient la foule se mettait à genoux pour
les entendre et demandait des nouvelles de l'avenir. La pêche sera-t-elle
bonne , les plaisirs suffisants et les couples durables ?... Quelques uns de
ces mages, capables de faire la différence entre le cercle et le carré,
de compter et de chanter en faisant des rimes enseignèrent que des
dieux se mêlaient du beau temps et de la pluie. Que parmi les hommes ils
avaient des favoris, qu'ils étaient sensibles au bonheur des humbles et
qu'ils confiaient aux astres le destin des êtres vivants. Ceux qui avaient du flair se mirent alors à dresser les chiens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
:-))