L'Hédonisme est à la mode, vanté aux lisières du Parti des Travailleurs, aux antipodes du stakhanovisme repris par les acharnés du F.M.I.. Il promet beaucoup à peu de frais.
" Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale " ( Chamfort)...
Ce programme rescapé de Platon et d'Epicure, consiste à rechercher les plaisirs, tous les plaisirs indolores, ce qui n'est pas la même chose que tous les plaisirs honnêtes. Il s'agit d'éponger la sueur de son front, d'enfanter sur des lits de fleurs en se privant de toutes les poisses des enfants de Caïn... Les désirs y furètent ailleurs que dans les vallées de larmes et les précipices de la transgression.
Jouir n'est pas encore une science mais c'est une industrie florissante en cours de globalisation, que les neuro-chimistes, les colorants et les musiciens métissent entre les hémisphères. Fuir sa peine n'est pas simple, il faut se passer d'enfants à torcher, de vieillards à laver et de conjoints à supporter... Car l'indulgence et la compassion, ces vieux ciments de la fraternité ou de l'amour, gâtent le plaisir où il se trouve, précèdent l'ennui, endorment les épidermes... Mieux vaut soigner ses caresses, se trouver bien dans sa peau, désodoriser son corps, se vêtir de textiles sympathiques, se chausser de bonnes marques, veiller à la remontée de ses fesses, à la saillie du muscle abdominal, aux courbes de ses glandes mammaires, aux millimètres de sa barbe, à la bonne suspension de ses couilles, à la disparition de ses poils superflus, aux rondeurs de ses lèvres, aux plis artistiques de sa vulve, aux nouilles bordières de son trou de balle...
Lorsqu'il est bien en place, qu'il dispose d'assez d'engrais et de protections sociales, l'amateur de prunes peut s'adonner à l'amour raisonné du prochain, s'inscrire sur les files d'attente du Bonheur. Chaque jour est une occasion de mettre le doigt sur ce que les autres montrent du doigt, de composer un psaume sur les boîtes de soupe, de crier quand une mouche se pose sur une motte de beurre ... L'hédoniste-nouveau, souvent sur la montagne à l'ombre du vieux chêne, au coucher du soleil promène au hasard son regard sur des plaines dont le tableau changeant se déroule à ses pied...
Ouaf ouaf... Je m'étonne parfois d'être né sur un quart de la Terre et de finir mes jours dans une mare aux canards ... Où des têtards causent d'amour universel, où des petits poissons jurent d'être fidèles aux petits oiseaux, où des moustiques rêvent d'un monde meilleur que le plaisir démange.
Durent sucer force noyaux d'olives les sénateurs de Rome au sixième siècle... Se querellant pour des cerises, s'embrassant pour des gaufres, s'enculant pour des riens et lorgnant le Forum de César truffé de moines pouilleux , le Colisée confié aux corneilles, les livres dans les sacs et les thermes de Constantin sans chauffage... Il était devenu plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille...
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