carnet d'un promeneur solitaire, notes et illustrations
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9.02.2013
TROIS AS ...
Il y a des jours où la Peinture fatigue. Plus exactement des jours où elle
se répète en moins bien. On se désole, on laisse filer les heures, on lit
et on relit n'importe quoi, on est lourd comme après un repas
copieux. Il faut attendre que cela passe. C'est le corps qui répond mal, la
main qui traîne, les yeux qui ne voient que le déjà vu. On s'encombre
la tête, on parle trop, on regarde ses instruments de travail, on les tripote
sans rien en faire. On s'était cru sur le point d'aboutir à des trouvailles, de régler leur compte à toutes les hésitations et à tous les
à-peu-près des dernières années. Ce marécage n'en finit pas. Il n'y a plus
qu'à sortir et traîner n'importe où. On regarde les femmes, on sent qu'une
relation pourrait se nouer pour pas grand chose, que cette disponibilité
nous rend intéressant. On déconstruit et on reconstruit la vie dans sa tête.
On s'arrête devant un moineau. On trouve que tout le monde est intelligent.
On a envie de se fondre dans la masse, de
renouer des liens tombés en désuétude... Un jour où on ne s'y attend pas,
une parole, un geste cassent l'ambiance. On sent pour de bon qu'on n'a rien
à faire des plaisirs et des jours, qu'on n'est pas né pour ça, qu'on se
dégrade, qu'on crève trop de la vie des autres et du monde avoué. On
saisit son secret. On saisit qu'on ne veut pas vivre une vie qui existe
déjà, se déguiser en humain jusqu'à la mort. On prend du papier, des couleurs
à trois sous, un pinceau de monoprix, on s'installe où on peut, on repousse
les tasses à café et le bouquet de mimosa, on jette un coup d'oeil sur la
plage des Buses, on aimerait y voir un sous-marin ou un cachalot, on dessine
un brelan d'as, on colle un bout de sac en papier, on passe la couleur en
étant soi-même. C'est reparti. Nunc et sic .
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