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9.03.2013

SUR LE DESIR ....





On s'aime mais il est lassant de ne jamais sortir de chez soi. On garde, au delà de ses souvenirs, quelques étranges sensations que nous offrit notre mère. On ne sait plus qui faisait quoi. Nous avons participé à certaines affaires essentielles en goûtant aux cruautés de la naissance. Cette chute qui vous brûle les poumons et vous contraint à pousser de grands cris, cet effroi de sentir s'évaporer les substances qui nous baignaient, cette violence immédiate de la socialisation, ce brusque courant d'air, tout nous travaille pour que nous n'arrêtions plus de bouger. Nos mouvements, nos désirs en quelque sorte, nous commandent de choisir entre l'amour de soi et l'imitation d'autrui. Ce que nous appelons l'amour du prochain ou l'amitié ou je ne sais quelle passion, se nourrit d'une espèce de cannibalisme qui consiste à prendre du plaisir et de l'énergie en imitant les autres. Au bout du compte nous ne désirons rien que les désirs d'autrui et quand nous croyons faire étalage de nous-mêmes, nous parlons à la première personne alors que nous devrions parler à la deuxième ou à la troisième. Les rois parlaient au pluriel, les bons à rien parlent trop au singulier. Les peintres choisissent de se taire. C'est qu'ils ont un avantage sur les bavards. Ils sont capables d'aller et venir là où les autres ne savent que montrer du doigt. C'est toute la différence entre la peinture et les images. Les tableaux n'ont que des apparences de sujet. S'ils sont trop près des choses ou des idées, ils maigrissent, finissent par ressembler à des feuilles mortes... S'ils trompent assez sur les intentions, qu'ils conduisent sur des chemins qui ne mènent nulle part, il arrive qu'on prenne du corps et des antennes en les regardant...

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