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10.24.2013

FATIGUES ...


 


Michel.Ducruet.60x60.2005. huile/toile






La Peinture fatigue. Les bottes vous disent nuit et jour que la main n'est plus l'amie de l'Homme... C'est avec ses pieds qu'un artiste se fait une carrière. Les pieds font aller et venir des ministères aux résidences et de Pôle Emploi aux cafés d'en face. L'artiste bouge. Il creuse le social comme une taupe en chaleur, il en fait remonter des tas de signes. Des femmes de qualité et des hommes dévoués ramassent à la brouette les produits de ces perforations du réel, puis ils en disposent les échantillons sur des lieux de passage avec des textes polyglottes. Grâce à dieu, les spécimens remontés des profondeurs de la société, sont débarrassés des limaces, asticots et autres vermines porteuses de virus et de bactéries... Seuls demeurent les signes purs et transparents comme des diamants. L'artiste contemporain creuse et ne tremble pas. Les restes accumulés de sa démarche plurielle prouvent qu'il travaille... 
A chacun d'imaginer, en lisant les catalogues, ce qu'il aurait fait s'il n'avait pas été là. Car tout le monde a le droit d'être nulle part et tout le monde est artiste dans une société de consommation. Ce n'est plus l'oeuvre qui présente un quelconque intérêt, c'est le déplacement des individus dans le corps social et celui des marchandises dans les vitrines. Pour cette raison et deux ou trois autres, ce que les hommes se disent est plus important que ce qu'ils se font. On a même remarqué que moins ils en font, plus ils en disent et que plus on peut parler de ce qu'ils disent moins on a besoin de ce qu'ils font... C'est ici que la culture atteint des sommets demeurés inaccessibles pendant des millénaires.
Aux temps barbares de la prééminence des faits sur les discours, à l'époque révolue des chefs-d'oeuvres, la démocratie n'effleurait que quelques têtes et les masses vivaient à l'écart des marchandises, pendant que certains levaient les yeux au ciel... "Cause toujours..." était une manière efficace de séparer les propres à rien des bons à quelque chose....
Or, pour être contemporain, l'artiste doit s'abstenir de laisser des empreintes criminelles sur tout ce qu'il touche. Qu'il prononce au contraire d'une voix claire, modeste et conviviale, des phrases qui facilitent le travail des allumeurs de réverbères. Le mystère n'est plus de ce monde, la singularité frise l'anarchie, que les silencieux s'en aillent comme les bagnoles à la casse... Seuls les morts ont un air de civilisés... les autres doivent absolument convaincre...

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