Indéfiniment,
sous les oiseaux reviennent les feuilles, vieillissent les hommes et s'abattent
les arbres... Jules César est passé par là, les toponymes
le disent et après lui, la forêt fut coupée vingt fois sur les plateaux ... Les Normands, les Anglais razzièrent
les vaches et les filles, les moines sauvèrent ce qu'ils avaient
de reliques et peu à peu vinrent des saisons plus douces, des hommes
moins cruels et la justice du Roi. Alignés
sur la voie romaine et le chemin celtique des marchands de sel et d'esclaves, les rustres
ont sous les nuages donné de la grâce aux vallées, remisé
les bêtes à la périphérie des parcelles,
baptisé tous les recoins et entretenu la vie contre vents
et marées. Dieu n'avait que donné l'adresse de ce bout du
monde, les mains des hommes sont allées partout... Pas un centimètre
que les bêches , les charrues et les haches n'aient fouillé
des centaines de fois et de saisons. Tels sont les paysages. Le Présent y est, le Passé surabonde et l'Avenir est incertain. Car les machines se mêlent de tout, les coquelicots
se terrent près des fossés, les frênes ne servent plus
à faire les roues et les arcs, bien malin qui voit des hannetons voler. Les
cloches ne sonnent que pour des morts et près des nuages il se passe des choses étranges, comme si le Soleil devait cogner plus dur, les forêts s'éclaircir et les ruisseaux
se réduire. Il paraît que les étés seront très
jaunes, qu'on verra les vignes remonter du Sud, que les chênes-verts seront là et que des oiseaux inconnus voleront sur les villages...
D'autres disent au contraire que les forêts noires descendront du
Nord, qu'il fera de la glace en hiver comme au Labrador et qu'en Mai on
ne pourra plus faire ce qui nous plait...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
:-))