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7.19.2013

PEINTURE ....




Le corps de la peinture est un plan interminable, apparemment fermé dans le carré, le rectangle , l'éllipse ou le cercle mais aussi sur l'épiderme d'un mur, d'une coupole, d'une caverne etc.... Dans une plage visuelle les yeux se déplacent tous les cinquantièmes de seconde et la mémoire, encore plus vite dans le filet de nos aventures accumulées depuis le ventre d'origine, du flot des surprises et  des stupéfactions. Nos forces tentent de répartir des extrêmes et des intermédiaires dans un espace convenu. Notre corps est à l'image de ces accumulations : instrument de conscience et machine à vivre, source de plaisirs mais douloureux in fine, notre propriété et son image... La peinture se fait donc en taule, comme se firent le "Devisement du monde" sous la dictée de Messire Polo, les Essais dans une tour du bordelais, le  Discours de la Méthode dans un "poêle", le journal d'Anne Franck dans une cache ...

L'île déserte, l'exil après le naufrage, l'effacement d'autrui, effacement recherché ou né du hasard,  il faut s'habituer quelque part au pain sec et à l'eau, à la paille des cachots dans les caves du bonheur... Renaître sur des jambes neuves, vidé d'une longueur de tripes... Soupçonneux de ce qui se passe, voyant les poisons dans les plats trop préparés, renonçant aux meurtres légaux, à l'incendie des bonnes oeuvres, à l'engrais des  bestiaux du troupeau social, à une carrière de serial-killer en quelque sorte , on reliera les mains au cerveau via les globes oculaires , on se penchera sur du carton, de la toile, du bois...

On tracera des signes de l'âme, on guettera sur des plages blanches les plus petits indices d'une visite, d'un pas... d'une escale, on bâtira sa tanière pour se protéger des pirates seuls maîtres après Dieu sur les mers d'absurdité...  On se battra contre le temps contraint pour d'imprévisibles amitiés...  Car il faut prouver qu'il y a de l'humain dans l'homme,  qu'il y a de l'ami dans le chien,  du frère dans le malheureux, de la magie dans la lumière, du vêtement dans les fleurs, organes de génération ...  Du vent tant que tourne le Soleil.

La Peinture n'est pas " l'Art ",  cet excrément du social et des "époques",  cette pâtée pour conseillers culturels distribués par des ministres... Faites les musées, vous y trouverez des femmes à profusion, perdues pour le sexe mais amatrices de reliques et amoureuses de saints,  prêtes à faire un rempart de leur corps devant les tableaux, prêcheuses comme  Jean-Baptiste du Jourdain, annonceuses de messies et porteuses des balances de jugement dernier... les veuves salivent sous la cravache du divin marché et des exploiteurs de miracles.

La Peinture est donc à recommencer, sans souci du lendemain ni de l'amour d'autrui, aussi nécessaire que les châteaux de sables,  indifférente aux marées et croqueuse de diamants.


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