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7.23.2013

NOS DESIRS...









Quels sont nos désirs?  Quand je demande à mes amis ce qui leur manque à la fin du mois pour être délivrés de leurs éternels soucis, ils me disent tous qu'avec 30% d'augmentation du revenu, tout serait parfait. Ce qu'ils ne disent pas, c'est que leurs besoins n'arrêtent pas de se multiplier et qu'ils n'ont aucune chance de remplir ce tonneau des danaïdes. S'il fallait comme en 1900  manger à sa faim, avoir chaud sous une bonne toiture, se chausser ailleurs que dans des galoches et se vêtir proprement, il suffirait de travailler quinze heures par semaine pour faire des économies... 
Mais la technique met sur le marché d'innombrables occasions de grossir ses bagages et de s'offrir des sensations dignes de nos savoirs, de nos âges et de nos sexes... Autant dire que nous ne finirons pas de courir après le bonheur en pétant plus haut que le nombril !  Pour nous assagir, il faudrait des informations fiables ...

Nous aurons besoin de douze planètes Terre pour assurer l'existence matérielle de 10 milliards de citoyens du monde sur le modèle nord-américain pendant une durée raisonnable de mille ans. Donc tout va bien, Madame la Marquise... Il y a tant de manchots autour des plantes vertes des entreprises qu'on se demande comment produire autre chose que du bruit et des images, pourquoi sur-payer les cols blancs et sous-payer les cols bleus ?...  Créer des emplois? Arrangeons-nous pour faire progresser les cancers, les diabètes, les asthmes, l'obésité, les addictions ... C'est un moyen sûr  pour doper la chimie, les ambulanciers, les laboratoires, les pharmacies et l'industrie générale des soins... Faisons baisser le coût de l'alimentation pour être certains de consommer des montagnes d'énergie, de pesticides et autres excréments qui économisent de la main d'oeuvre et transforment les réserves d'eau douce en or bleu et pompes à finances... Le pétrole est de plus en plus cher ?  Surtaxons le fuel lourd pour faciliter les délocalisations industrielles, réduisons le coût du gazole et de l'essence pour attirer les pollutions, engraisser les assureurs, creuser le trou de la sécurité sociale grâce aux accidentés de la route... Laissons tomber la culture française en estropiant la langue, en dégradant les universités, en sacrifiant les enseignements techniques et en remplaçant l'étude des faits par celle des dogmes au collège et au lycée... Efforçons-nous de réduire les aides à la famille et de les remplacer par des subventions aux agriculteurs productivistes... Versons des larmes de crocodile sur les imbéciles qui ont trois ou quatre enfants... Dépensons dix fois à Paris ce qu'on dépense pour la culture en province... Expulsons les quinquagénaires du travail, oublions de dégraisser le secteur tertiaire de tous les parasites qui l'encombrent, décourageons les adolescents des métiers manuels et productifs, créons des emplois financés par l'impôt au lieu d'être générés par la consommation... N'offrons aux chômeurs que le travail qu'ils savent ou veulent faire... Fermons les yeux sur les salaires des ouvriers qualifiés et surtout n'enlevons rien aux revenus surévalués des bureaucrates... Ne jugeons pas d'une politique économique sur ses résultats mais sur ses intentions... Ne formons pas les jeunes aux métiers qui correspondent aux besoins... Ne cultivons pas la productivité... Ne permettons pas les licenciements pour être sûrs de manquer les embauches... Ne prolongeons pas la vie active... Laissons la jeunesse  aspirer au repos... Ne favorisons pas l'innovation, les dépôts de brevets... Admirons nos héros des classes préparatoires et de l'Agrégation qui ont fini à 25 ans de prendre des risques... Laissons nos chercheurs tourner en rond dans leurs statuts et de leur avancement à l'ancienneté... Faisons baisser le coût des transports pour rendre incontrôlables les flux migratoires et irréversibles les folies identitaires... Ne faisons plus d'enfants pour être sûrs d'importer la jeunesse des autres... et perdre les moyens culturels de notre cohésion sociale...

Les bonnes idées ne manquent pas quand il s'agit d'aller dans le mur...

 

Dans " La tragédie du pouvoir " un petit livre paru en 1979, Alfred Sauvy ( 1898-1990 ) remue le tas de sable de nos conformismes et de nos imbécillités chroniques. Trente quatre ans après, nous sommes encore dans nos ornières, nous abordons le 21ème siècle comme des écrevisses et avec des cauchemars... Les désordres, les secousses brutales, les stupéfactions, les tragédies,  frappent à la porte...
"La tragédie du pouvoir", Quel avenir pour la France? ALFRED SAUVY. Coll. Pluriel.Calmann-Lévy. 1979. 

Trouvé en excellent état chez Emmaüs pour la somme de 50 c d'euro, le 23 mai 2013...

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